Entre deux verres... [Luke/Ted]

Allongé sur le ventre sur le toit d’un bâtiment, Theodore patientait calmement tout en fumant cigarette après cigarette. Il en était déjà à sa cinquième et commençait à trouver le temps long. En fait, il commençait à perdre patience et supposait qu’il était venu ici pour rien. Juché en hauteur et suffisamment éloigné pour qu’on ne soupçonne pas que quelqu’un observait les environs, il stationné là, fusil à lunette à la main dans l’espoir de voir un mouvement en direction des entrepôts. Il faisait nuit et la seule chose qu’il voyait était les lueurs des lanternes de la ville. Au niveau des entrepôts, il faisait nuit noire, tout comme là où se trouvait Theodore. Au moins on ne risquait pas de le voir ni même de se douter de sa présence. Le soleil n’était même pas là pour jouer les fauteurs de troubles en indiquant sa position à cause du reflet de la lunette. Seul problème, il ne se passait absolument rien. Ted ferma un œil et regarda à l’intérieur de la lunette, bougeant légèrement le fusil pour voir s’il se passait quelque chose où non. Il allait abandonner lorsqu’il aperçu une lueur. L’intérieur d’un des bâtiments venait de s’éclairer.

Se focalisant dessus, il remarqua alors un petit groupe d’homme se diriger vers le bâtiment. D’où sortaient-ils ? C’était sans doute ceux qu’il avait remarqué un peu plus tôt dans la journée. Difficile de ne pas remarquer un groupe d’hommes portant tous un chapeau similaire. C’était clairement un gang qui se différenciait des autres de cette façon. Mais ne les connaissant pas, Ted n’avait rien fait. Ils n’avaient peut-être encore rien fait de répréhensible après tout. Jusqu’à présent, ils n’avaient fait que fureter en ville mais jamais ensemble, toujours séparés les uns des autres. Du coup, le shérif ne pouvait pas tous les suivre et surveiller ce qu’ils faisaient. Ils étaient malins. Néanmoins, il avait surpris une conversation entre deux d’entre eux avant que le groupe ne se scinde. Tout ce qu’il avait compris était qu’ils devaient se rendre à l’entrepôt une fois la nuit tombée pour récupérer la marchandise. Quelle marchandise ? Ted allait sans doute le découvrir sous peu… A moins qu’il n’était trop loin pour réellement voir de quoi il s’agissait.

Le petit groupe se faufila à l’intérieur et Ted dû se contenter de regarder par la fenêtre. Par chance, elle était assez grande et certains des hommes passaient devant. Malheureusement, Ted n’arrivait pas à voir ce qu’ils faisaient exactement. Plusieurs dizaines de minutes plus tard, ils ressortaient, les bras chargés de sacs en tissu. Que contenaient-ils ? Sans doute rien de légal vu la façon dont ils regardaient autour d’eux d’un air méfiant.

Puisqu’il ne pouvait rien faire de plus de là où il était, Ted décida de descendre. Ses soupçons étaient confirmés, c’était tout ce qu’il lui importait pour le moment. Leur tomber dessus alors qu’ils transportaient leur marchandise n’était pas forcément une bonne idée. Ils risquaient de tirer sans sommation aucune. La nuit était déjà bien avancée et le shérif décida de rentrer chez lui pour se reposer et dormir un peu. Demain, il chercherait à en savoir plus sur ces étranges sacs.

Assez tôt dans la matinée, Ted était déjà debout. Non pas qu’il n’aurait pas dormi encore un peu mais son cheval avait décidé de n’en faire qu’à sa tête et tapait frénétiquement contre le mur de la maison à l’aide d’un seau qu’il avait attrapé. Sans doute cela voulait-il dire qu’il avait faim. Foutu monture. Il se leva donc, contraint et forcé, n’ayant pas envie de subir davantage ce bruit infernal et répété. Il descendit nourrir la bête puis remonta pour s’habiller rapidement. Puisqu’il était debout, mieux valait qu’il reprenne ses investigations sur le champ. Il espérait surtout que le petit groupe n’avait pas profité de la faveur de la nuit pour quitter Tumbleweed maintenant qu’il avaient leur marchandise.

Sortant de son bureau, il se dirigea vers l’entrepôt. A cette heure là, il n’y avait personne, tout était fermé. Il n’y avait rien qui pouvait trahir une quelconque activité nocturne, pas même une trace. Sauf… C’était quoi ça ? Theodore se pencha et posa ses doigts sur une sorte de poudre blanche. On aurait dit du sucre mais en plus fin et plus blanc. De la farine ? Il y en avait assez peu, comme si cela s’était échappé d’un quelconque récipient. Comme un sac, par exemple… Ted monta ses doigts imprégnés de cette poudre vers son nez. Ca ne sentait rien et il s’abstint de goûter. Si c’était du poison, mieux valait ne pas tenter le diable. Mais cette poudre l’intriguait. Avec soin, il rassembla ce qu’il restait de poudre et la déposa dans un mouchoir en tissu. Il montrerait ça à Fran dès qu’il le pourrait. Elle s’y connaissait bien en plantes et autre matériel d’alchimie. Elle pourrait sans doute le renseigner quant à la nature de cette poudre.

Ne trouvant rien d’autre, il quitta les lieux et rejoignit la rue principale. C’est là, vers le saloon, qu’il aperçu la bande. Ils n’étaient pas tous là, seuls trois d’entre eux y étaient. Ils semblaient discuter mais n’étaient pas près de chevaux. Au moins, ils n’avaient pas encore quitté la ville, c’était déjà ça… L’air de rien, Theodore se dirigea vers eux. Mais lorsqu’ils l’aperçurent, ils entrèrent aussitôt dans le saloon comme s’ils étaient pris d’une soif soudaine. Allons bon… Ils le fuyaient ? N’était-ce pas la preuve de leur culpabilité ?

Theodore accéléra légèrement le pas mais ne se mit pas à courir pour autant. Arrivé vers le saloon, il pénétra à l’intérieur, laissant les portes battantes s’agiter derrière lui. Posté à l’entrée, il fit le tour de la salle des yeux, cherchant ceux qu’il avait vu. Mais rien. Aucune trace d’eux. Ils s’étaient envolés ? Marchant lentement, le shérif arpenta la pièce qu’il connaissait bien. Il était rare qu’il vienne boire, pas tellement porté sur la boisson, mais il y passait pourtant pas mal de temps. Entre ses parties de poker et les visites au bordel, c’était un passage obligé. Un peu comme le cœur de cette ville.

Ne les voyant pas, Theodore posa les yeux sur le barman. Il les avait sans doute vu entrer et sortir. Mais plutôt que d’agresser l’homme avec des questions, il se posa plutôt sur un tabouret au comptoir, comme un client normal. Il ne voulait pas se mettre à courir partout et ainsi démontrer qui il cherchait. S’ils se croyaient en sécurité, ils feraient plus facilement des erreurs. Posant les yeux sur le barman, Theodore se rendit compte qu’il ne le connaissait pas vraiment au final. Ce grand homme à la peau basané lui rappelait un indien qui avait été écorché vif en place public, un jour. Au moins lui, personne ne semblait vouloir lui chercher des noises, étrangement.

« Un whisky s’il vous plait. »

Sortant une pièce de sa poche, il la déposa alors sur le comptoir et la fit glisser jusqu’à l’homme. Ted s’accouda au comptoir et se tourna vers la salle. Il n’y avait pas grand monde. Un homme dormait sur une table, trois autres jouaient aux cartes, un regardait dehors par la fenêtre. Ils étaient passés où bon sang ? Dissimulé sous les tables ? A… la maison close ? C’était une possibilité. Et ça, ça ne plaisait vraiment pas à Ted. Se tournant finalement vers le barman, il parla alors à mi voix.

« Dites moi… Vous n’auriez pas vu un groupe d’hommes entrer ici il y a 5 minutes ? Ils étaient trois et portaient tous le même chapeau. J’ai besoin de leur parler et… c’est assez urgent. »

Theodore était là pour faire régner la loi mais il se sentait souvent un peu trop seul pour y parvenir. Lorsqu’il s’agissait de flagrants délits, c’était toujours plus simple pour appréhender les personnes concernées. Mais quand on ignorait de quoi il retournait, c’était déjà plus épineux. Arrêter quelqu’un juste parce qu’il avait une attitude suspecte n’était pas forcément très légal. Dans ces moments là, Ted jalousait les autres shérifs qui pouvaient bien agir comme ils le souhaitaient dans leur ville. Comment pouvait-il veiller sur Tumbleweed s’il ne pouvait anticiper les gestes des éventuels hors-la-loi ?

Pour le coup, il n’avait pas besoin d’autres indices pour savoir que ces types à chapeaux étaient des plus suspects. Toute bande ainsi reconnaissable était généralement connue pour quelques méfaits. Cependant eux, Ted ne les connaissait pas et il ne pouvait pas agir juste parce qu’ils lui semblaient suspects. Le mieux était encore de s’intéresser à eux, histoire de découvrir le fin mot de l’histoire. Dans le pire des cas, il les ferait fuir et c’était déjà une petite victoire en soi. Néanmoins, il était curieux de savoir ce qu’ils faisaient ici et ce qu’était cette poudre qu’il avait trouvée.

Ainsi, ils les avaient suivi jusqu’au saloon… où ils avaient mystérieusement disparu. Puisqu’il ignorait où ils étaient allés, Theodore préféra ne pas fouiller partout. Bien que c’était sa ville, il n’était pas chez lui et il respectait les commerçants pour ne pas agir à sa guise chez eux, dans leur propriété. D’ailleurs il ne connaissait pas vraiment le barman même s’il l’avait déjà vu assez souvent. Il ne venait même pas lui demander si tout allait bien comme aux autres commerçants. Pourquoi ? Déjà parce qu’il en imposait et que Ted doutait qu’on vienne lui chercher souvent des crosses. Mais aussi parce qu’un saloon était un endroit particulier, différents d’un magasin lambda. Toutefois, maintenant qu’il y repensait, il regrettait de ne pas déjà mieux connaître le tenancier. Cela aurait pu l’aider.

Plutôt que de sauter à la gorge du barman pour lui demander des renseignements, le shérif préféra se poser tranquillement et boire un verre. Bien qu’il n’avait pas pour habitude de boire pendant qu’il travaillait, il estimait qu’un verre ne le tuerait pas. Et puis ainsi, il pourrait plus facilement engager la conversation. Par politesse, il retira son chapeau et le posa sur le comptoir sur lequel il s’était appuyé, commandant un whisky.

Peu après, un généreux verre rempli d’alcool se trouvait devant lui. Ted l’attrapa et but aussitôt la boisson avant de reposer le verre vide. Par chance, il avait plutôt bien mangé ce matin grâce à Irina et ne craignait donc pas l’effet de l’alcool sur son corps. Toutefois, il n’avait que peu dormi et la fatigue pouvait se lire sur son visage. Pourvu que le verre qu’il venait de boire ne l’achève pas. Reportant son attention sur le barman, il lui demanda alors des renseignements. Il espérait qu’il pourrait l’aider à localiser les pseudos criminels qui le fuyaient.

Malheureusement, le barman ne semblait pas être en mesure de l’aider. Il disait ne pas avoir fait attention à l’endroit où ils étaient allés. Cela n’étonna pas spécialement Ted même s’il était déçu. Après tout, des clients il devait en voir tous les jours défiler et pourquoi aurait-il fait attention à certains d’entre eux plus qu’à d’autres ? De drôles d’énergumènes, il y en avait partout. Le barman avait l’air soudainement un peu tendu, comme prêt à en découdre s’il le fallait. Après tout, ce ne serait pas la première fois que le saloon serait le théâtre d’une fusillade ou d’une rude bagarre.

« Non ils n’ont rien fait. Enfin je n’en suis pas sûr… C’est pour ça que j’aimerais les interroger. Ils ont des activités pour le moins suspecte alors… je préfère m’assurer que la ville ne craint rien. Je m’inquiète peut-être pour rien mais je ferais un bien piètre shérif si je ne me préoccupais pas de ce qui semble louche. »

Theodore pianota sur le comptoir, regardant autour de lui comme s’il espérait soudainement que les bandits sortent de derrière les meubles. Et s’ils étaient à la maison close ? Les filles pourraient être en danger… Mais s’ils n’étaient que de banals clients, il risquait de les faire fuir pour rien. Cruel dilemme. Se pinçant les lèvres dans une moue indécise, Ted se tourna à nouveau vers le barman.

« Si jamais il y a du grabuge, je peux compter sur vous ? Ce serait dommage qu’ils abiment votre saloon. C’est un peu la pierre angulaire de la ville après tout… »

Mieux valait prévenir que guérir même si Theodore savait que bien peu de gens aimaient risquer leur vie pour défendre un peu de matériel. Mais l’homme avait l’air de tenir à son bar. C’était sa maison aussi après tout. Et puis si les clients avaient peur d’y retourner, c’était mauvais pour les affaires. Mais alors qu’il le regardait, le shérif réalisa qu’il ne connaissait même pas son nom.

« Au fait, je crois que nous n’avons jamais eu le plaisir de nous connaître réellement. Vous êtes monsieur ? »

Tandis qu’il lui parlait, il lui tendait la main. Une poignée de mains allait toujours de paire avec une présentation après tout. Et puisqu’il avait sous le coude quelqu’un avec qui discuter et qui avait l’habitude de côtoyer toutes sortes de gens, le shérif hésita à lui faire part de sa découverte. Il saurait peut-être ce qu’était cette drôle de poudre. D’un autre côté, il ne voulait pas mettre un civil au courant. Mais ainsi, ne se bloquait-il pas l’accès à certaines informations ? Il ne savait sans doute rien de toute façon…

Fouillant dans la poche de son veston, il en tira le tissu contenant la poudre qu’il avait trouvé. Délicatement, il découvrit le tissu pour dévoiler la fameuse poudre puis poussa le tout vers le barman, toujours discrètement.

« Dites moi… à tout hasard…. Ça vous dit quelque chose ? Je pense que c’est lié à ceux que je recherche mais j’ignore de quoi il s’agit. Je me disais qu’un homme comme vous serait peut-être au courant.. ? »

Le saloon était un endroit que Theodore connaissait bien sans toutefois en être un aficionados. S’il y passait, c’était pour jouer quelques parties de poker ou juste boire un verre. Il ne faisait pas parti des clients qui y restaient pendant des heures et faisaient réellement tourner la boutique. On ne pouvait pas donc dire qu’il était un client qui rapportait beaucoup mais il ne pouvait pas se permettre de l’être. Si le shérif était ivre, qui ferait son travail ? Au pire, il risquait même de créer des problèmes. Heureusement, Ted faisait toujours en sorte que cela n’arrive jamais. Il appréciait l’alcool mais buvait assez peu au final. Il aimait rester maitre de ses mouvements et de ses paroles et il savait que, comme sur beaucoup d’hommes, l’alcool avait sur lui des effets indésirables…

Pour l’heure, bien qu’il prenait un verre, il ne comptait pas devenir pour autant un meilleur client. S’il prenait un verre c’était surtout par politesse envers le maitre des lieux. Après tout, il aurait pu demander simplement des renseignements au barman et s’en tenir là. Mais Ted préférait agir différemment. S’il se montrait trop pressé et exigeant, il aurait moins de chance d’obtenir ce qu’il souhaitait. Et puis cet homme, il le connaissait à peine…

Toutefois, le shérif savait que l’homme ne laisserait pas quiconque faire n’importe quoi dans son saloon. Comment le savait-il ? En fait il n’en savait rien. Il le déduisait juste. L’homme était imposant et il était rare que l’on vienne lui chercher querelle. Quelques fois, Theodore avait dû intervenir pour des bagarres mais étrangement, les blessés étaient toujours les clients, jamais le barman. Au moins, il ne se laissait pas faire. Et juste à cause de ça, Theodore supposait que l’homme l’aiderait si jamais les choses tournaient mal… et si elles se passaient dans son saloon. Néanmoins, il préféra mettre des mots sur ses pensées et ne pas juste compter sur un espoir peut-être trop haut placé.

Pour toute réponse, le barman se mit à sourire. Quelque part, ce sourire faisait froid dans le dos. Il s’empara alors d’une arme dont il glissa la bandoulière autour de lui. Ca, c’était le genre d’arme qu’on préférait tenir. Si elle faisait mouche, c’était la mort assurée. Theodore était quelque part soulagé que l’homme accepte de l’aider au besoin car il se voyait mal faire le ménage à la dynamite dans le bâtiment… Lorsque le barman prit la parole, il eut un mot à propos des prostituées. Juste pour ça, il monta dans l’estime du shérif.

« Vous êtes un homme bien. Et je vous assure que si quelqu’un tente quoique ce soit contre votre établissement, ce sera la dernière chose qu’il fera. »

Mais quand bien même il était un homme bien, Theodore ignorait son nom. Et il préférait savoir à qui il avait affaire plutôt que de le traiter d’inconnu. Mais lorsqu’il interrogea l’homme à ce propos, ce dernier eut tout un monologue. La façon dont il s’exprimait était assez amusante et Ted n’avait aucun mal à le suivre. Il avait l’habitude de ce genre de parler, souvent usé dans les bandes de criminels d’ailleurs.

« Theodore Winston. Appelez moi comme bon vous semble, monsieur Redman. »

Puisqu’il tenait l’homme, Ted en profita pour le questionner un peu plus. Un barman, ça en voyait des têtes… ça en voyait des choses. Tout le monde ne faisait peut-être pas attention mais le shérif supposait que le barman était plus ou moins attentif à ce qui entrait et sortait de son saloon. Il était peut-être même au courant de certains trafics. Mais de là à ce qu’il lui dise… Une chose était sûre : les barmans étaient des hommes de savoir. Pas le genre de savoir qu’avaient les médecins ou les physiciens… Non, plutôt le genre de savoir hors des barrières habituelles. Plus… sauvage.

Il lui montra donc l’étrange poudre blanchâtre qu’il avait dégoté après sa fouille près des entrepôts. Attentif, il observa la réaction de Luke. Rien que le simple fait qu’il dépose un verre devant, comme pour la masquer, prouvait qu’il savait plus ou moins de quoi il était question. Il se montrait en tout cas bien prudent. Ted se pencha un peu en avant, dissimulant le comptoir de ses bras repliés. Luke se mit à humer la poudre, laissant Theodore perplexe. Que faisait-il ? Toutefois, il préféra ne rien dire. S’il y connaissait quelque chose, il savait sans doute ce qu’il faisait.

Finalement, après un bref silence, il révéla ce qu’il pensait. D’après lui, il s’agissait d’une sorte de drogue, dérivé d’opium ou quelque chose du genre. Theodore haussa un sourcil. De la drogue ? Voilà qui pourrait expliquer l’étrange activité qu’il avait vu hier soir. Le commerce en était interdit et le shérif ne voulait pas voir sa ville devenir une plateforme d’échange de drogue. Si tel était le cas, il devait sévir rapidement. Mais pour l’heure, il ignorait encore bien des choses. Luke semblait toutefois en savoir un peu plus que lui. Enfin pas lui mais une de ses connaissances… Il y avait bien trop de similitudes pour que tout ça soit une simple coïncidence.

« Des types à chapeau hein ? Comme par hasard… Vous la connaissez bien cette personne qui saurait me renseigner.. ? Ca m’intrigue… S’il y a un trafic, il doit cesser immédiatement. Vous savez où on peut le trouver, votre « ami » ? »

Theodore ne savait pas trop dans quoi il mettait les pieds mais après tout il ne faisait que son travail. Ramassant le tissu, il le referma et le remit dans sa poche. Profitant du verre devant lui, il s’en saisit, le portant à ses lèvres. Un coup de feu éclata soudainement. Surpris, le shérif lâcha le verre qui se brisa sur le comptoir. On aurait pu croire que la balle avait cassé le verre… Mais il n’en était rien. Elle s’était logée dans une bouteille, exposée sur l’une des étagères du comptoir, située non loin de la tête de Theodore. Apparemment, ça ne rigolait plus.

A peine le coup de feu fut-il tiré que le shérif sauta par dessus le comptoir habillement. Il ne comptait pas finir en passoire tout de suite. Protégé par le meuble de bois, il attrapa son arme, tournant la tête vers Luke.

« Je crois qu’ils nous ont devancé… »

Ted risqua un coup d’œil par dessus le comptoir. Un homme portant l’un des chapeaux particuliers se tenait en haut de l’escalier menant au bordel. Ainsi, c’était donc là qu’ils avaient disparu… Ted crispa sa main sur le manche de son arme. S’ils osaient toucher aux filles, cela risquait de très mal se passer. Levant le bras, il tira dans la direction du type. Il savait très bien qu’il ne risquait pas de le toucher mais il voulait juste le faire fuir. Tirant plusieurs coups, il le rata bien évidemment. Toutefois, l’homme battit en retraite… vers la maison close. Agacé, Theodore se redressa.

« En plus d’être de mauvais clients, ils occupent des lieux qui ne leur appartiennent pas… Je n’encourage pas le meurtre mais… si vous voulez les tuer, faites vous plaisir. Néanmoins, si vous pouvez en laisser un vivant… il a peut-être beaucoup de choses à dire. »

Sans regarder si Luke le suivait, Theodore sauta à nouveau par dessus le comptoir et se dirigea prudemment mais rapidement vers la porte menant à la maison close.