Je vois des gens qui sont morts... ( Ted / Lèna )

Lorsque le contact de Sélèna lui avait donné rendez-vous aux entrepôts de Tumbleweed, l'armurier avait quelque peu grincé des dents. Ces derniers temps, l'endroit était devenu un vrai point de trafic en ce qui concernait Eden et la nuit venue il valait mieux éviter de se perdre dans le coin. Cependant, c'était en plein jour qu'elle devait retrouver les acheteurs, vers la fin d'après midi pour être précise. Ce n'était pourtant pas fait pour rassurer la jeune femme. Depuis quand faisait on ses transactions en ville en pleine journée ? Hélas, malgré sa méfiance, elle ne pouvait pas vraiment jouer les difficiles. Depuis la mort de Marvin, les affaires ne se portaient pas aux mieux. Fichus idéaux sexiste.

C'est donc un peu à contre cœur que la brune avait enfourchée sa monture pour galoper jusqu'aux entrepôts. Elle avait attachée le cheval un peu à l'écart, de peur qu'en cas de guet-apens il soit abattus puis avait rejoint le point de rendez vous à pied.

Une fois sur place, elle s'appuya contre la paroi en bois d'un des bâtiments semblant être arrivée en premier. Tout en caressant négligemment l'étuis de son pistolet battant contre son flanc gauche, la jeune femme gardait un œil sur l'angle menant vers la rue. Cette histoire puait vraiment et à présent qu'elle était là, elle commençait à réellement penser qu'elle n'aurait pas du venir.

Et elle avait raison. Alors que son attention était accaparée par un homme s'avançant vers elle depuis la rue, un second, sortit d'un entrepôt, se glissa jusqu'à elle par l'autre côté. Avant même qu'elle n'ait eut le temps de remarquer sa présence, un bras lui saisit le poignet pour la décoller du mur vivement, alors qu'un autre s'enroula autour de sa gorge, pressant contre sa glotte, l'obligeant à relever la tête.

" Fils de chienne, j'en étais sûre ! "
" Ferme la !! "

Le contact froid d'une lame vint griffer le dessous de son menton et l'homme venu de la rue sortit lentement un colt de son étuis, souriant d'un air victorieux. La jeune femme pu constater qu'il ne lui restait plus beaucoup de dents dans la bouche.

" Ecoute salopard, si tu tiens au peu de chicots qu'il te reste dans la gueule, je te conseille de baisser ton arme et de dire à ton abrutis de copain de me lâcher. Je suis pas d'humeur en ce moment. "

Nouvelle somation de silence prononcée par la lame se serrant un peu plus contre sa gorge. Visiblement les deux lascars n'était pas non plus d'humeur.

" On va la faire brève. Marvin venait de dégoter une jolie cargaison d'arme fraîchement venue du Mexique quand il a passé l'arme à gauche. On veut savoir où elles sont. Si t'es gentille, tout se passera bien ma jolie. "

Un beau parlé pour une ordure, une illusion de négociation, un ton calme. Aucun doute, c'était lui le penseur du groupe. Ce qui avait de bien avec eux, c'est qu'ils mettaient toujours plus longtemps que les autres à réagir en cas d'action, en tout cas, c'est ce que Léna espérait à cet instant précis.

" D'accord, donc si toi t'es la tête, lui c'est les bras. Et tu vois, moi j'aime pas trop les bras qui permettent aux mains de se poser sur moi sans mon accord. Aussi vous m'excuserez mais... j'ai à faire. "

Balançant son coude dans les côtes de celui la retenant afin de lui faire desserrer prise, Sélèna enchaîna avec un coup de crâne dans son nez tout en repoussant le bras armé de la lame de sa main libre. L'homme tituba de quelques pas en arrière, se penchant un peu pour porter les mains à son pif. Vu le bruit, aucun doute qu'il venait de se péter. Cependant, la demoiselle ne prit pas le temps de vérifier, il fallait agir vite, profitant de la surprise occasionnée pour se barrer avant que l'homme au colt ne réagisse. Contournant l'entrepôt à la vitesse de l'éclair pour ne plus être à portée de tir, entendant une détonation pile à cet instant là, la jeune femme fit face à un imprévus. Et quand je dis face, ce n'est pas une tournure de style, non, à peine l'angle franchit elle ramassa un magistral coup de planche en pleine tête. Pas de bol, les deux idiots n'étaient pas que deux finalement...

Chancelant en arrière, la vue et les idées embrouillées, elle appuya son épaule contre le mur à sa droite. Une sensation chaude et humide vint caresser ses lèvres et Sélèna réalisa qu'une vive douleur s'échappait de son nez. Pas assez forte pour qu'il soit cassé, mais tout de même. Cette fois, elle allait avoir du mal à jouer les filles de l'air. Oui... elle était vraiment dans la merde.

Comme chaque jour, Theodore venait faire une rapide inspection auprès des commerçants. Ces derniers étaient de plus en plus nombreux mais les anciens étaient toujours présents. Ils connaissaient mieux que personne les habitants mais n’étaient pas forcément toujours ravis de l’expansion que prenait la ville. Même si cela impliquait qu’il y ait de nouveaux clients, il y avait également plus de monde… donc plus de voleurs et autres malfrats. Les rumeurs allaient toujours bon train et Ted ne savait pas toujours s’il devait croire tout ce que les commerçants lui disaient. Il prenait néanmoins le temps de parler avec chacun d’eux car pour lui, l’ordre de sa ville passait avant tout par les piliers de la cité. C’est à dire, ceux qui la faisaient vivre : les commerçants.

Jusque là, l’inspection de Theodore se passait plutôt bien. Ils n’avaient rien à redire bien qu’ils râlaient toujours un peu sur les mauvais payeurs et autres débiteurs. Le shérif était bel et bien là pour faire respecter la loi mais il ne pouvait pas non plus jouer les banquiers. S’il commençait à aller récupérer tout l’argent que certaines personnes devaient aux commerçants, il n’aurait pas fini. La dernière personne qu’il alla voir était madame Tolson. Cette dernière n’était jamais avare en paroles bien qu’elle avait la fâcheuse tendance à l’exagération. Du coup, Ted ne savait jamais sur quel pied danser avec elle. Malgré tout, il écoutait toujours ce qu’elle avait à dire. La vieille femme avait sans doute besoin d’une oreille compatissante…

Comme à son habitude, elle parlait non stop tout en s’agitant, rangeant son étal, nettoyant l’intérieur avec une vigueur surprenante pour son âge avancé. Ted l’écoutait toujours car, bien qu’elle se plaignait souvent, elle était là depuis toujours et savait mieux que personne ce qu’il se passait dans cette ville. Parfois, une simple anecdote pouvait se révéler être un précieux indice. Aujourd’hui encore, madame Tolson râlait à propos des clients qui entraient avec leurs bottes boueuses et qui salissaient l’intérieur. Cigarette en bouche, Theodore l’écoutait, accoudé au comptoir. Il se contentait de hocher la tête ou de mimer quelques expressions faciales pour lui montrer qu’il l’écoutait. Il était rare qu’il lui pose des questions mais ce qu’elle raconta l’intrigua pourtant.

« Ces petits vauriens, ils n’ont fait que regarder et sont partis sans rien acheter ! Ils venaient pour faire un état des lieux et revenir plus tard me voler, je vous le dis shérif ! Je les ai vu suivre cette femme là… une de leur complice, assurément ! Depuis quand les femmes bien élevées portent des armes à feu ? Pas étonnant qu’il y ait tant de violence, les gens ne sont plus civilisés ! »

Voilà qui ne présageait rien de bon. Il était rare de voir une femme porter une arme, surtout à la vue de tous. S’il s’agissait là de la description d’une bande, mieux valait qu’il les sépare et les fasse quitter la ville avant qu’ils ne commencent à causer des ennuis. Mais cette simple description ne lui donnait pas les informations dont il avait besoin.

« Et vous savez où ils sont partis ? »
« Ils sont partis vers l’entrepôt. Je ne les ai pas quitté des yeux mais pas question que je m’aventure là-bas ! »
« Merci madame Tolson. Je vais aller jeter un œil, ils ne vous importuneront plus. »

La saluant d’un geste du chapeau, Theodore quitta le magasin et avança tranquillement le long de la rue qui menait à l’entrepôt. Jetant son mégot, il se roula une autre cigarette. Inutile de se précipiter là-bas, il ignorait complètement ce qui l’attendait. Peut-être que les pseudos malfrats n’étaient même plus là. Quoiqu’il en soit, il devait se montrer prudent. Il était seul et eux… en fait il ignorait leur nombre exact. Raison de plus pour se méfier. Alors qu’il marchait, il entendit une détonation et stoppa donc ce qu’il faisait. Elle provenait de derrière l’entrepôt ou dans ses environs là. Visiblement, madame Tolson et son instinct avaient encore frappé. Ted pressa le pas mais ne se mit pas à courir pour autant. Inutile de se jeter dans la gueule du loup. Si des coups de feu étaient tirés, c’était sans aucun doute dangereux. Main sur son arme, Theodore s’approcha, entendant des bruits de bagarre. Ils se battaient entre eux ou bien ils agressaient quelqu’un ?

Se frayant un passage jusqu’au lieu de l’agitation, il constata que plusieurs hommes encerclaient une jeune femme qui était blessée, du sang décorant un peu son visage. Elle avait l’air sonnée et visiblement vulnérable. Ted détestait que l’on fasse du mal aux femmes et il comptait bien les en informer sur le champ. Seul problème, ils étaient trois et il était seul. Dans un tel cas, il fallait jouer au plus malin et utiliser l’avantage de la surprise. Là où il se trouvait, personne ne le voyait encore. Ne pouvant réellement se servir de son revolver, il observa ce qui l’entourait pour trouver une arme potentielle. Pas question d’utiliser la dynamite si près de l’entrepôt sous peine de le faire exploser avec.

Une lanterne fut la première chose qu’il dégota. Puisqu’il faisait jour, elle n’était pas allumée mais elle était bien remplie. C’était juste parfait. S’en emparant, il s’approcha alors du groupe d’homme, brisa la lanterne contre un mur et répandit le liquide sur le premier qui lui tournait le dos, l’enduisant copieusement d’huile extrêmement inflammable. Surpris, l’homme se retourna, se demandant de quoi il était recouvert. Mais Ted ne lui laissa pas le temps de s’essuyer. Craquant une allumette qu’il approcha de sa cigarette encore éteinte, il feinta de vouloir l’allumer mais la jeta finalement aux pieds de l’homme. Il ne tarda pas à prendre feu, s’agitant dans tous les sens.

« Je serais toi, je courrais. » fit-il en désignant une petite étendue d’eau non loin de là

Aussitôt, l’homme disparu pour aller se jeter dans l’eau et éteindre les flammes qui le rongeaient. Et un de moins ! Sans attendre, il s’empara d’une solide planche de bois et frappa l’homme le plus proche de lui avec force. En plein sur la caboche ! L’homme tomba au sol, sonné. Il ne restait plus que le dernier, un type désarmé. Ted ne pouvait pas le tuer et s’en prendre à lui aurait été déloyal. Mais depuis quand était-il loyal ? Le shérif dégaina son arme et la pointa vers lui, lui écrasant le nez à l’aide du canon puisqu’il était près. A cette distance, il ne risquait pas de le louper malgré son manque d’habileté au tir.

« Je suis gentil, je te laisse le choix. Tu as dix secondes pour dégager. Et que je ne te revois pas dans ma ville… »

L’homme ne demanda pas son reste et partit en courant, disparaissant rapidement du champ de vision de Ted. Ce dernier rangea alors son arme et s’intéressa à présent à celle qui était blessée. Il remarqua qu’elle était armée. C’était donc elle dont madame Tolson avait parlé. Mais était-elle victime ou associée malchanceuse ? Theodore ignorait s’il s’agissait d’une criminelle ou bien d’une jeune femme qui n’avait pas eu de chance. Une chasseuse de primes peut-être ? Ted restait méfiant mais il ne comptait pas la laisser là, blessée et seule. Lentement, il s’approcha, relevant légèrement son chapeau pour la regarder.

« Ca va aller ? Vous voulez voir un médecin ? Je doute que ces idiots vous ennuie à nouveau et… »

Il s’interrompit alors qu’il observait le visage de la jeune femme. Bien qu’un peu de sang le décorait, il reconnu ses traits. Comment aurait-il pu les oublier ? Elle représentait beaucoup de choses pour lui et quand bien même cela faisait plusieurs années qu’ils s’étaient perdus de vue, elle n’avait pas changée. Ou peut-être qu’elle était devenue un peu plus femme encore. Ted était tellement surpris que la cigarette qu’il avait entre les lèvres tomba sur le sol alors qu’il entrouvrait la bouche. En fait, il ne pensait pas la revoir un jour, il la pensait morte. Les marshals qui l’avaient arrêté lui avait dit que tous ceux qui l’avaient accompagné étaient morts… Il fallait croire qu’elle avait réussi à s’échapper.

« Léna… ? »

La douleur lui troublait la vue. A moins que ce ne soit le coup qu'elle venait de prendre. Quoi qu'il en soit, Sélèna était sonnée, ayant beaucoup de mal à se concentrer sur ce qui était en train de se produire autour d'elle. Elle entendait des rires gras, idiots, victorieux. Elle sentait des corps se resserrer contre elle, des silhouettes s'agiter, des mains la secouer. Des brides de phrases lui parvenaient aux oreilles. Encore cette histoire d'armes mexicaines. Secouant un peu la tête, elle tenta de reprendre ses esprits. Il lui fallait réfléchir clairement si elle voulait s'en sortir. Bien que pour l'instant, elle ne voyait pas tellement d’échappatoires.

L'envie d'essuyer le sang qui glissait maintenant le long de sa gorge la piqua, cependant elle remarqua que quelqu'un lui tenait les mains. Cherchant à mieux analyser la situation, elle plissa un peu les yeux pour tenter de réduire un peu le voile flouté qui s'était apposé à son regard. La tête lui tournait, mais ce n'était pas important.

L'armurier détailla le premier homme, tout près d'elle. Puis, elle tourna la tête pour réserver le même sort au second, un peu sur sa droite. Pourtant, elle n'eut pas le temps de le discerner réellement que se dernier lui tourna vivement le dos. Étais-ce un bruit de verre brisé qu'elle venait d'entendre ?

Puis, soudain, le brigand qu'elle était en train de regarder s'enflamma. Inutile d'y voir clair pour se retrouver éblouie. Une odeur de cochon brûlé s'éleva dans l'air en même temps que les hurlements de l'homme immolé, accompagnés des petits crépitements de ses poils se calcinant.

Léna ne comprenait pas vraiment ce qui se passait, suivant du regard l'homme partant en courant. Elle ne remarqua pas tout de suite que sa fuite avait dévoilé un quatrième homme, responsable de la situation actuelle. Ce n'est que lorsque une planche fendit l'air pour assommer le malfrat qui lui retenait les mains qu'elle comprit qu'il s'agissait là de l'intervention de quelqu'un et non d'un quelconque coup de pouce divin.

Profitant de sa liberté réacquise, la brune se décala afin de s'éloigner du dernier individu encore debout. Son esprit avait retrouvé toute sa vivacité et elle voyait à présent parfaitement clair. Son ouïe avait elle aussi retrouvée toute sa puissance et elle ne manqua pas de noter que son "sauveur" laissait le choix à l'importun de mourir ou de quitter SA ville. Merde, elle avait donc affaire soit à un chef de gang, qui aurait certainement passé son chemin plutôt que d'intervenir soit... à un représentant de l'ordre. La poisse.

Espérant que l'homme qui se trouvait avec un revolvers sous le nez occupe assez longtemps le représentant de la loi pour qu'elle puisse regagner son cheval sans qu'ils ne la remarque, elle se trouva vite déçue. Lâchant un soupir en regardant le brigand cavaler, prenant ses jambes à son cou, elle secoua la tête avec dépit. Pas le choix, elle allait devoir faire face à celui qui lui était venu en aide. Pire encore que d'être en compagnie d'un membre de l'ordre, elle sentait sa fierté souffrir d'un vilain coup de botte dans le cul. La situation lui donnait l'impression d'être une pucelle coincée dans une ruelle, appelant à l'aide, incapable de se défendre seule. Tellement humiliant. Mais le pire était qu'à présent, elle allait devoir dire merci à un putain de... Shérif ?

Le regard de Léna s'était posé sur l'étoile de l'homme. Trop en colère contre elle même, pestant intérieurement, elle entendit ce qu'il lui demandait, sans pour autant reconnaître la voix qui lui avait été si familière dans le passé.

Essuyant enfin le sang de son visage d'un revers de la main, elle secoua vivement la tête, fuyant le regard de l'homme, préférant toiser ses bottes.

" Pas de médecin, je vais bien d'accord ? "

Quelque chose tomba à ses pieds. Une cigarette ? Arquant un sourcil la jeune femme se décida à enfin regarder son interlocuteur en face, croisant son regard pile au moment ou ce dernier prononçait son nom.

Là, elle figea. Sous le chapeau légèrement relevé le visage d'un homme, qui avait énormément compté pour elle, reflétait la surprise. Aucun doute, ce n'était pas une simple ressemblance, ni même un tour de son esprit puisqu'il l'avait appelée par son surnom. Non, face à elle, Théodore, Ted, son Ted était bel et bien vivant. Soudain, toute couleur quitta son visage et elle sentit ses jambes la trahir. Se rattrapant à l'homme pour ne pas tomber, elle ouvrit la bouche sans rien trouver à dire. Ne réussissant pas à détacher son regard de celui de son ancien amant, elle resta ainsi de longues secondes, qui lui semblèrent bien plus, avant de reprendre pied dans la réalité et de se redresser, le lâchant au passage.

" Merde... je crois que j'ai pris un coup plus violent que je ne le pensai. Je... dois y aller. "

Son cœur battait rapidement et une sorte de panique s'emparait de son esprit. Il lui semblait faire face à un revenant et elle n'avait pas la moindre idée de comment réagir. Bien sûr, il était évident que l'homme n'avait rien d'un spectre et même si l'insigne clochait cruellement avec celui qu'elle avait connue, il n'y avait pas de doute sur la personne. Cependant, Sélèna ne pouvait pas l'admettre. Il était mort, l'épreuve avait été assez difficile comme ça pour qu'elle s'en rappelle. Alors, pourquoi se tenait il devant elle ? C'était irréel...

" Oui... je dois vraiment y aller. "

Repoussant un peu l'homme d'une main elle avança de quelques pas avant de faire demi tour, revenant vers lui. Son cheval se trouvait dans cette direction. Refusant catégoriquement de regarder à nouveau celui qui avait resurgit de son passé, elle tenta de le dépasser rapidement. Une chose était certaine, si elle parvenait à regagner sa monture, elle ne remettrait plus jamais les pieds à Tumbleweed.

Theodore était ce que l’on appelait un shérif intègre. Il ne tuait personne, se contentant d’appréhender les malfrats, et il ne mettait jamais la vie des autres en danger. Il faisait son travail mais veillait toutefois à ne pas outrepasser ses droits. Car au final, des droits il n’en avait pas beaucoup. Et pour faire régner l’ordre, ce n’était pas évident lorsque l’on disposait de peu de moyen et que l’on était seul… Par chance, il bluffait très bien et il était rare qu’un criminel remette en cause ses compétences. Ainsi, il aurait juste pu menacer les hommes qui maltraitaient une femme, les sommant de stopper là et de partir sous la menace de son arme. Mais ça… c’était ce qu’il aurait fait avant.

Depuis quelques temps, il était frustré de ne pas pouvoir agir à sa guise et de vivre sous la menace perpétuelle de la corde. Il avait même fini par tuer pour la première fois. Et à présent, il n’hésitait plus à se montrer plus impitoyable qu’avant. S’il fallait ça pour que les criminels se tiennent à carreau et disparaisse du paysage, il comptait bien agir de cette façon. Il ne les tuait pas après tout, il n’était donc en toute logique pas menacé par le colonel puisqu’il n’avait aucun meurtre connu à son actif. Mais maintenant, ses méthodes avaient quelque peu changées. Il se ferait respecter même s’il devait devenir un peu plus rigoureux.

Il n’hésita donc pas à employer les grands moyens pour se débarrasser du petit groupe de criminels. Mettre le feu à un homme ne lui faisait pas peur. A vrai dire, il aurait préféré balancer un bâton de dynamite dans le tas mais il aurait ainsi touché la jeune femme en même temps. Et ça, il n’en était pas question. Il devait donc se débarrasser de chacun d’eux un par un. Par chance, ils n’étaient pas trop réactifs, sans doute trop surpris par cette arrivée soudaine et remarquée. Un à un, ils mettaient les voiles, sauf l’un d’eux qui décorait à présent le sol, dans les pommes. Ted ne s’en préoccupa pas pour le moment, préférant s’assurer que celle qui s’était fait agresser allait bien.

Cette dernière semblait encore patraque. Rien d’étonnant vu le sang sur son visage. Theodore n’avait pas été témoin de la scène mais il supposait qu’ils l’avaient frappé à plusieurs reprises. Pauvre femme… La première chose qui lui vint à l’esprit fut de l’emmener chez un médecin. Mais il savait que tout le monde ne raffolait pas de ce genre de choses. Comme il s’y attendait un peu, elle refusa. Par gêne ou bien parce qu’elle avait quelque chose à se reprocher ? La jeune femme ne le regardait pas, secouant juste la tête tout en refusant la proposition, affirmant qu’elle allait bien après avoir essuyé une partie du sang. Theodore n’était pas tout à fait convaincu mais il ne pouvait pas non plus la forcer.

Mais maintenant qu’elle était débarrasser d’une bonne partie du sang et qu’elle s’était tournée, il pouvait la voir. Et surtout, la reconnaître. Il cru d’abord avoir une hallucination lorsqu’il reconnu ses traits. Sélèna… son premier amour, celle avec qui il avait passé de nombreuses années lorsqu’il n’était qu’un criminel parmi tant d’autres. Elle appartenait à une époque révolue et à vrai dire, il la croyait même appartenir au monde des morts. Pas un seul instant il ne s’attendait donc à recroiser sa route. Ou alors… il était mort, s’étant fait descendre par ceux qu’il avait voulu chasser et il n’était qu’un esprit en croisant un autre ? Non… c’était idiot. Pourtant, son esprit avait du mal à accepter cette nouvelle donnée.

Ses yeux bleus plantés dans les siens, il comprit alors qu’elle aussi l’avait reconnu. Pour qu’elle le regarde ainsi, c’était bel et bien elle. Mais plutôt que de la joie, c’était une certaine forme de peur qu’il percevait. Pourquoi réagissait-elle ainsi ? Elle sembla même faillir, se retenant à lui comme si ses jambes ne la portaient plus. Il la soutint alors. Cela lui faisait drôle de tenir à nouveau ce corps qu’il avait serré si longtemps. Mais là, les circonstances étaient bien différentes. Elle disait alors penser avoir pris un trop gros coup sur la tête. Ted ne savait plus trop comment réagir.

« Léna… Laisse moi t’aider, tu devrais t’asseoir… »

Ce fut la seule chose qu’il fut capable de dire sur le moment. Mais Léna assura qu’elle devait partir, le repoussant et s’éloignant aussi vite qu’elle le pouvait. Finalement, elle fit demi tour. Un regret ? Non, juste que son cheval se trouvait de l’autre côté visiblement. Ted la suivit des yeux, un peu perdu. Il venait à peine de la retrouver et elle partait déjà ? Encore tout retourné, il ne savait pas comment réagir mais il savait qu’il devait l’empêcher de partir sous peine que ce soit cette fois la dernière fois qu’il la verrait.

« Léna, attends ! »

Plutôt que d’enjamber le malheureux encore à terre, il en profita pour lui donner un violent coup de pied, histoire de s’assurer qu’il ne bougerait pas. Il avait oser faire du mal à Sélèna, ce n’était que justice… Se dépêchant de rejoindre cette dernière, il l’attrapa par le bras, doucement mais fermement. Il ne voulait pas qu’elle le fuit. Pourquoi le fuyait-elle au juste ? N’était-elle pas contente de le revoir ? Il ne pensait plus du tout au fait qu’il était shérif et que l’insigne qui brillait sur son veston le prouvait. Après tout, Sélèna était comme lui avant… une hors-la-loi.

« Pourquoi me fuis-tu ? Je … Bon sang… Ca me fait drôle de te revoir… Je te croyais morte ! » Il ne put s’empêcher de sourire puis il l’attira vers lui pour la prendre dans ses bras « Je te croyais morte, idiote… Je suis content de voir que je me suis trompé… Ca fait tellement longtemps ! » il se recula légèrement pour la regarder, tendant la main vers elle pour essuyer davantage le sang de son visage « Ils t’ont pas loupé ces fumiers… C’est qui d’ailleurs ? Oh… Il en reste un là… » désignant le type au sol « Si tu as envie de te venger… »

Theodore parlait, parlait… mais il était un peu perdu. Il avait cette sensation de ne jamais avoir quitté Sélèna et pourtant elle lui semblait lointaine… L’excitation de cette retrouvaille inattendue le rendait nerveux mais il ne pouvait s’empêcher de sourire.

Deux auparavant, Lèna avait du faire face à l'une des pires épreuves de sa vie. Il y avait peu de gens que la jeune femme pouvait dire avoir aimés. Qu'il s'agisse de famille, d'amitié ou de relation sentimentale. Pourtant, cette fois là, elle avait été privée de l'un d'entre eux. De celui qui, à cette époque, comptait plus que tout... De Theodore. Il était son premier amour, de celui qu'on pense éternel, pour la vie. Ils avaient vécus quartes ans d'une relation intense, teintée de complicité. Ils avaient appréhender le monde d'un même regard et fait leur chemin dans le milieu des hors la loi, coude à coude. Ils étaient devenus fort ensembles et pensait à l'époque que rien ne pourrait les séparer. Mais ça... c'était avant l'intervention des Marshall. Avant qu'ils ne lui enlève son compagnon pour le mener à la corde, du moins le pensait elle. Sélèna avait réussie à leur échapper de justesse et avait sans doute été la seule survivante de l'assaut. Elle avait retrouvée son associé et mentor, Marvin, et avait essayée de reprendre le cours de son existence, à présent privée d'une partie d'elle même. La jeune femme était trop forte, trop fière pour ne pas se battre et continuer à vivre, alors, c'est avec une déchirure à l'âme qu'elle continua à traverser le temps, imperméable à tout nouveau sentiment. Elle se disait que tout façon, le jour venu, elle finirait bien par le revoir... de l'autre côté.

Mais ce n'est pas de l'autre côté qu'elle le retrouva finalement. Bien qu'un instant elle se demanda si elle n'était pas morte dans l'agression qu'elle venait de vivre, la vive douleur de son nez chassa vite l'hypothèse. Si elle était en vie c'est que l'homme lui faisant face l'était aussi. Perdue dans le regard envoûtant de son ancien amant, l'armurier se remémora une flopée de souvenir. Déstabilisée, elle avait perdue pied pour se raccrocher à lui. Qu'était en train de se passer ? Pourquoi était il là ? Pour quelle raison une étoile de Shérif était épinglée à son torse ? Comment avait il survécu ? Pourquoi n'était il pas revenu ?

Ce sont les questions qu'une personne normale se serait empressée de poser. Mais suite à sa peine passée, Sélèna était devenue farouche lorsque de trop fort sentiment s'emparait d'elle. Et dans ses cas là elle n'avait qu'une seule réaction. La fuite.

Ignorant l'homme qui lui conseillait de s'asseoir, elle prit la direction de son cheval. Même lorsqu'il lui intima d'attendre, elle fit sourde oreille. Elle voulait partir loin, très loin, mais en même temps une part d'elle espérait qu'il la retienne. Et c'est ce qu'il fit. Lorsque la main de Ted s'enroula autour de son bras, elle cessa de marcher. Puis, lorsqu'il l'attira contre lui, elle ne résista pas, se blottissant contre le torse de l'homme. Il parlait, elle l'écoutait, elle l'entendait, mais elle était incapable de dire quoi que ce soit. Elle avait envie de pleurer, mais il était hors de question qu'elle le fasse. Elle avait déjà versée tant de larmes pour lui, mais jamais, ô grand jamais devant quelqu'un.

Il se recula un peu pour lui essuyer le visage et une nouvelle fois, leur regards se croisèrent. C'était la fois de trop. Enfouissant son visage contre la veste de Ted, elle tapa une fois du poing contre son torse.

" Espèce d'imbécile ! Imbécile !! C'est moi qui te croyais mort ! Tu sais à quel point tu m'a manqué ?? Et toi tu étais juste là... en vie... et c'est quoi cette étoile bordel ? Et comment est-ce que tu peux me faire ça ?? "

Serrant la main pour agripper son veston, elle resta un moment silencieuse, essayant de se calmer. Ted lui avait soumis l'idée de se venger. Ce n'était pas son genre. Elle avait compris depuis longtemps que pour survivre il ne fallait pas se laisser porter par la rancœur. Mais cette fois, elle avait besoin d'évacuer.

Se décollant après quelques minutes de son ancien amant, elle se dirigea vers l'homme à terre. Puis, elle le roua de coups de pied colérique, ne cessant même pas lorsque le bruit des côtes brisées du brigand se fit entendre. Il subissait pour toute les peines qu'elle avait enfouie en elle et qui était en train de refaire surface. Ce n'est que lorsque qu'elle se retrouva à bout de souffle qu'elle cessa, inspirant longuement avant de reposer son regard sur Theodore.

" C'est rien, c'est juste une poignée de salopards avides qui pensait pouvoir me détrousser des secrets de mon commerce. Ça devient un peu trop récurent ces derniers temps. Depuis que Marvin est mort c'est une véritable défilé. Je vais devoir me montrer plus prudente. "

Puis... après un petit silence.

" Nom de dieu Ted ! C'est vraiment toi ! J'arrive pas à y croire. A te voir là, j'ai l'impression qu'on s'est quittés hier. Et si on allaient ailleurs, ça sent le crottin par ici. "

Theodore n’était pas surpris de voir de la violence chaque jour, il y était habitué. Lorsqu’il était intervenu pour aider la jeune femme qui se faisait visiblement agresser, il n’avait pas songer un seul instant qu’il ferait face à un fantôme du passé. Il était tellement surpris qu’il eut du mal à y croire, pensant que c’était son esprit qui lui jouait des tours. Pourquoi le torturer avec une telle vision ? Pourtant, Sélèna était bien là, face à lui. Voilà deux ans qu’ils s’étaient perdus de vue. En fait, Theodore l’avait crue morte. Il avait longtemps pleuré sa mort sans se douter qu’elle avait pu échapper au massacre. S’étant fait capturé, il n’avait pas vraiment eu le loisir d’aller vérifier et depuis qu’il était « libre », il n’avait plus vraiment mis les pieds en dehors de Tumbleweed. A présent, sa vie était ici et celui qu’il était à l’époque était mort et enterré. Un nouveau Ted était né le jour de la « mort » de Sélèna.

Cet ancien Ted refaisait surface alors qu’il posait les yeux sur elle. C’était au final comme s’ils ne s’étaient jamais quittés. Ils n’avaient pas beaucoup changés l’un et l’autre. Mais plutôt que de se sauter dans les bras, ils agissaient comme s’ils faisaient tous deux face à un fantôme. Ted ignorait comment réagir, son esprit et son cœur ne parvenant plus à avoir une pensée cohérente. Il était à la fois heureux, terrorisé et gêné par cette soudaine rencontre imprévue. Sélèna, elle, était fuyante et cherchait à partir loin de lui. Ted ne voulait pas qu’elle disparaisse aussi vite qu’elle était apparue et il ne tarda pas à la rattraper. Alors qu’il la touchait, de vieux souvenirs et sentiments refirent surface. Sa mémoire lui revenait soudainement comme une grande gifle au visage.

Il se souvenait de leur première rencontre. A l’époque, Ted n’était pas vraiment un criminel notoire. Il venait tout juste de quitter Tumbleweed et cherchait à se faire un nom. Rejoignant une bande de malfrats, il ne pensait pas ainsi faire la rencontre d’une jeune femme peu ordinaire. Cette femme, c’était Sélèna. Son goût pour la dynamite venait d’elle. C’était elle qui lui avait proposé cette alternative aux armes à feu et depuis, il en était devenu un aficionados. D’abord partenaires, ils devinrent rapidement amis, complices. Elle fut la première femme dont Theodore tomba amoureux. Il n’avait pas imaginé un jour être séparé d’elle. C’était à la vie à la mort et cela leur allait très bien comme ça. Puis… il y eut les marshals. Ce fut le début de la fin. Theodore avait perdu cette fougue qu’il avait, il était devenu amer. N’ayant plus rien, il céda aisément à la demande de son père juste avant qu’il ne meure. Et depuis deux ans, il était le shérif de la ville.

Là, face à elle, Ted ne savait plus quoi dire ou quoi faire. Il était partagé, hésitant. Mais il n’hésita pas à la retenir. Sélèna ne réagissait même pas. Cependant, alors qu’il lui essuyait le visage, elle se mit enfin à parler et surtout à agir. Son visage enfouit contre sa veste, elle se mit à le frapper sur le torse. Elle l’insultait, lui demandait des comptes… et en même temps, elle lui avouait qu’il lui avait manqué. Elle n’avait pas l’air de comprendre et il ne pouvait pas lui en vouloir. Comment aurait-il pu ? Comprenant son désarroi, il lui attrapa doucement la main pour qu’elle cesse de le frapper. Pas parce qu’il avait mal, elle ne frappait pas fort, mais parce qu’il voulait qu’elle se calme.

« Je suis désolé Lèna… vraiment désolé… »

L’entourant de ses bras, il la pressa doucement contre lui. Il ne s’était pas expliqué mais il ne savait pas par où commencer. Là, il y avait trop d’informations à la fois, il fallait encore qu’il digère le fait que la femme qu’il avait toujours aimée était belle et bien vivante. Il se demandait même encore si ce n’était pas juste le fruit de son imagination. Du coup, ne voulant pas qu’il règne un silence de mort, il alimenta la conversation, proposant à son ancienne amante de se venger d’une de ceux qui avaient osé lui faire du mal. Il savait que Lèna n’était pas partisante de la vengeance, qu’elle n’était pas revancharde, mais là, elle avait peut-être besoin de se défouler un peu plus. Sans un mot, elle se décolla de lui et s’avança vers l’homme au sol pour le frapper sans ménagement. Ted plissa les yeux, faisant une grimace. Il n’aurait pas aimé être à sa place… mais il le méritait assurément. Et puis, il préférait que ce soit ce type qu’elle frappe plutôt que lui. Sélèna stoppa finalement et se tourna vers lui pour lui expliquer pourquoi elle avait été agressée. Mais l’information que Ted retint fut surtout quelque chose qui n’avait rien à voir.

« Marvin… est mort ? »

Ted savait que Marvin était une personne très importante pour Sélèna. Sauveur, mentor… il avait endossé bien des rôles pour elle. Ted les avait toujours connus ensemble et il n’imaginait plus l’un sans l’autre. La disparition de Marvin avait dû lui mettre un sacré coup. En fait, le shérif avait un peu de mal à y croire. Mais c’était les risques du métier…

Puis, passant complètement à autre chose, Sélèna proposa de mettre les voiles. Oui, elle avait raison, mieux valait qu’ils aillent ailleurs, au cas où les malfrats comptaient revenir. Et puis, ce n’était pas très intime comme endroit. Ils pouvaient aller au saloon… mais cela n’enchantait pas Theodore. Lèna était une hors-la-loi et mieux valait que personne ne s’intéresse à elle pour le moment. Une belle fille comme elle ne passait pas inaperçue. Et puis, pour parler, mieux valait un endroit privé. Il hoche donc la tête puis lui fit signe de le suivre.

« Viens, on va à un endroit où on sera tranquille. Juste… fais moi confiance s’il te plait. »

Il se doutait bien que l’endroit où il l’emmenait ne lui plairait pas. Mais c’était chez lui après tout… S’assurant qu’elle le suivait, Ted se dirigea vers son bureau. Il ouvrit la porte et s’engouffra à l’intérieur, laissant ouvert derrière lui. Il ne s’attarda pas en bas et monta à l’étage jusqu’à la pièce qui lui servait de chambre. Là, il retira son chapeau et le déposa sur une petite table en face de laquelle se trouvait une chaise recouverte d’une robe d’Irina. Il y avait peu d’affaires à elle visibles mais Ted n’y fit de toute façon pas attention. Lorsque Sélèna le rejoint enfin, Ted tourna les yeux vers elle. Il l’observa un instant puis, sans un mot, il se dirigea rapidement vers elle pour la prendre dans ses bras. Approchant son visage du sien, il manqua de frôler ses lèvres mais bifurqua au dernier moment pour simplement caler sa tête contre la sienne. La serrant contre lui, il poussa un long soupir, fermant les yeux.

« Tu m’as manqué Lèna… » fit-il, la voix légèrement tremblante tant elle était teintée d’émotions

Il resta un moment ainsi puis se recula et la lâcha. Mieux valait qu’il ne reste pas trop longtemps collé à elle sous peine d’avoir des envies inavouables. Déjà qu’il avait manqué de l’embrasser… Les vieilles habitudes avaient la peau dure. Traversant la pièce, il alla s’asseoir sur son lit. Lentement il se passa une main sur le visage puis il reposa le regard sur Sélèna. Il avait tant de choses à lui dire, à lui expliquer…

« Tu avais raison. Quelque part, je suis mort. Enfin, l’ancien Ted est mort. Le jour de l’attaque des marshals… je me suis fait capturer. Ils m’ont dit que vous aviez tous été tué… alors la corde ne me faisait plus vraiment peur tu vois… Mais comme tu le sais, mon père était shérif ici et… il s’est fait descendre sous mes yeux alors que j’étais derrière les barreaux. Avant de mourir, il m’a fait promettre de le remplacer… Je crois qu’il voulait ma rédemption. Je n’avais plus rien alors j’ai accepté… Oui je sais, c’est étrange… Moi, shérif ? On croirait une bonne blague non ? Mais Lèna… ne me regarde pas comme ça… Jamais je ne pourrais agir contre toi. De toute façon, je fais un bien piètre shérif et… bon sang, ça fait du bien de te revoir… Qu’est-ce que tu deviens depuis tout ce temps ? »

Lèna était en état de choc. Elle avait l'impression que la terre s'ouvrait sous ses pieds et elle ne parvenait pas à s'accrocher à la réalité, comme coincée dans une étrange illusion. Pourtant, ce qui lui arrivait était bel et bien réel. Prise entre présent et passé, la confusion l’empêchait de réfléchir. Même après avoir évacué le trop plein d'émotions en rouant de coups l'homme à terre qui avait osé lever sur elle, elle continuait à ressentir cette étrange sensation. Pourtant, cette fois, elle réussit à parler. A formuler une partie de ses pensées, de ses émotions, de ses interrogations. La brune n'avait pas besoin de réponses immédiates, elle devait juste le dire, voilà tout. Ted sembla le comprendre puisqu'il se contenta de s'excuser. Des excuses larges, qui portait sur sa disparition, sur la peine qu'il avait pu lui causer, sur les années de séparations qu'ils avaient vécus. Elles sonnèrent tellement sincèrement aux oreilles de la jeune femme que toute forme de rage la quitta. Il ne lui restait plus que le trouble, la joie et le désir brûlant de lui sauter au cou. Mais avant tout, elle devait lui expliquer ce qui venait de se passer.

Elle conta donc sommairement la raison qui l'avait conduite à se retrouver la face couverte de sang. Ce n'était rien de réellement important, la seule information vraiment cruciale de son récit, Ted la nota tout de suite.

" Oui, il est mort. On dit toujours que les meilleurs partent en premier, il doit être l’exception qui confirme la règle. *un petit sourire amer se dessina sur ses lèvres* De toute façon il n'était plus le même ces derniers temps, sans ça il n'aurait jamais été aussi imprudent. Figure toi que cet imbécile n'est même pas tombé d'une belle mort. Une calèche l'a fauché alors qu'il s'agitait au milieu de la route, on venaient de se disputer et... Merde, c'était vraiment dégelasse. Si au moins il avait passé l'arme à gauche directement, mais non, il a mis des heures à crever. Il s'est vidé de son sang par tout les trous et le médecin à rien pu faire. *elle serra les dents pour résister à l'envie de vomir* J'ai du... abréger ses souffrances. "

Depuis la mort de son mentor, la jeune femme n'avait jamais parlé de ce qui c'était passé. C'était un souvenir douloureux, plein d'amertume et de regrets. De plus, elle préférait que l'image de l'ancien armurier reste intacte aux yeux du monde. Mais avec Ted, c'était différent. Elle savait qu'elle pouvait un peu alléger le poids qui lui compressait le cœur en lui confiant une partie de sa souffrance. Il la connaissait assez bien pour savoir qu'elle était forte et qu'elle ne le faisait pas pour être prise en pitié. Seulement, parfois, certaines choses avaient besoin d'être prononcées pour sembler moins sordides. Hélas, même raconté, ça semblait toujours aussi horrible aux souvenirs de Lèna.

Balayant la discussion d'un geste de la main, l'armurier proposa de mettre les voiles. L'endroit n'était pas sûr et elle avait envie de profiter tranquillement de ses retrouvailles avec celui qui avait partagé sa vie si longtemps.

Elle emboîta donc le pas de l'homme lorsque ce dernier lui fit signe de la suivre. Cependant, lorsqu'il lui demanda de lui faire confiance, elle arqua un sourcil intrigué. Si il restait une personne sur terre en qui elle pouvait avoir confiance, c'était assurément Théodore et il était censé le savoir. Alors, pourquoi une telle supplique ? Elle ne tarda pas à le comprendre en voyant se profiler au loin le bureau du Shérif.

" Oh Ted... bordel. "

Pourtant, elle ne dévia pas de chemin. L'insigne, le bureau, il ne faisait plus aucun doute que son ancien amant était le manitou du coin. C'était difficile à croire et encore plus à comprendre, mais ça n'entachait pas la confiance qu'elle avait en lui. De plus, si elle voulait une explication, elle n'avait pas tellement d'autres choix que de le suivre. Montant à l'étage sans même un regard vers le bureau, la brune ne pu retenir un sourire amusé. Cette journée devenait vraiment n'importe quoi.

Une fois dans la pièce qui faisait office de chambre à l'homme, Lèna décida de jauger les lieux. Elle n'en eut cependant pas le temps. Ted s'était approché rapidement d'elle pour l'attirer à lui et l'étreindre avec tendresse. La cœur de la jeune femme se mit à battre à toute allure, lui frappant la tempe, l'assourdissant plus que des tambours chamanique. Quand les lèvres de son ancien compagnon frôlèrent les siennes, elle pensa sincèrement qu'il allait l'embrasser et balayer ainsi les années qui les avaient tenus loin de l'autre. Pourtant, il n'en fit rien, se contentant de caler sa tête contre la sienne.

" Uh ? "

Sentant le souffle de l'homme contre sa peau, Lèna eut un léger frisson. Elle dues faire un gros effort de concentration pour écouter ce qu'il avait à dire sans aller chercher ses lèvres pour l'embrasser fougueusement.

" Tu m'a manqué au moins tout autant. La vie n'est plus la même depuis que je t'ai...perdu... "

Puis, Ted se décolla de son corps, arrachant une petite moue de déception à la brune. Elle le regarda s'asseoir sur le lit, se passer la main sur le visage. Il avait l'air perdu. S'avançant vers lui, elle s'accroupis posant une main sur son genoux pour tenir l'équilibre, l'autre allant lui caresser la joue pour l’apaiser. Le regard levé vers lui, elle le fixait avec un fin sourire impossible à étouffer, alors que l'homme reprenait la parole. Lorsqu'il confirma son affiliation à la loi, une étrange lueur passa dans le regard de l'armurier, mais elle s'évapora vite, rassurée d'entendre le nouveau Shérif lui assurer qu'il ne s'en prendrait jamais à elle. Elle savait qu'il disait vrai.

" S'il te plait, ne dis pas que celui que j'ai connu est mort alors que je te retrouve à peine. Ça a déjà été assez difficile de faire mon deuil une fois, je ne compte par recommencer de si tôt. Je suis désolée pour ton père, vraiment. J'aurai aimée être là. La rédemption ça peut avoir du bon, je pense, même si sincèrement, le Shérif Theodore, je suis pas sûre de m'y faire tout de suite. Je sais que tu ne fera rien contre moi Ted, ne t'en fais pas. C'est pas tellement ça qui m'inquiète. Généralement quand quelqu'un décide d'un tel retournement dans sa vie, pour que ça marche, il faut que ce soit son choix, pas une promesse faite à quelqu'un d'autre. C'est le cas ? C'est que tu voulais ? Ça ne me regarde surement pas mais je n'aimerai pas savoir que tu fais quelque chose qui ne te rend pas heureux. *caressant sa joue du pouce, elle lui offrit un beau sourire* Pour moi, les choses ne sont pas aussi rebondissante. Après ta présumé mort on a changés de secteur quelques temps avec Marvin, on est passés au Mexique. J'ai jamais bu autant de tequilas de ma vie. Faut dire que j'en avais lourd sur le cœur. Bon dieu Ted, ce que j'aurai aimée que tu sois là. Enfin, après on a un peu bourlingué à droite à gauche et on revenus dans le coin. Les affaires marchaient plutôt bien jusqu'à... enfin, tu sais quoi. Et me revoilà. Et... te revoilà. " *conclut elle la voix un peu vibrante*

Sa main cessa de lui caresser la joue, sans la quitter pour autant et de l'autre elle s'appuya un peu plus sur le genoux de l'homme afin de se hisser doucement vers son visage, sans le quitter des yeux. Son cœur se fit une nouvelle fois assourdissant. Elle avait l’impression de revivre l'instant avant leur tout premier baiser, presque six ans auparavant. Elle qui pensait avoir fait taire son cœur pour toujours, se trouvait sotte de le voir encore se soulever si facilement. Mais après tout, c'était normal, c'était pour Ted, son Ted.

Continuant de le regarder dans les yeux, elle posa enfin ses lèvres sur les siennes, les remuants doucement dans un baiser tendre, avant de fermer son regard et de se laisser davantage porter par ses envies. Elle passa alors sa langue sur les lèvres qu'elle était en train d'embrasser avant de la glisser dans sa bouche, allant chercher celle de son partenaire, tout en apposant ses doigts sur la nuque de ce dernier. Elle ne réfléchissait plus, elle ne voulait plus le faire, tout ce qu'elle désirait c'était profiter de cet instant qui lui avait si longtemps était volé.

Ted savait toujours comment réagir, quoi dire selon les situations. Ce calme, il l’avait développé à force d’être shérif. S’il s’énervait, il faisait n’importe quoi. Et il ne pouvait plus se le permettre. Mais là, cette fois, il était pris au dépourvu. Il ne savait absolument pas quoi dire ou faire. Du coup, ses paroles étaient un peu décousues, dites rapidement, hésitantes… Il était un peu comme un enfant à qui l’on avait annoncé que le père noël n’existait pas et qui finalement l’avait en face de lui. Sélèna ne disait rien, elle. Mais elle semblait tout aussi troublée que lui. Quoi de plus normal après des retrouvailles qu’ils n’avaient jamais espérées ? Ted n’était sûr de rien, sauf d’une chose. Maintenant qu’elle était là, près de lui, il ne comptait pas la laisser disparaître… pas encore.

Lorsque Sélèna prit la parole, elle l’insulta, déversant toute sa frustration sur lui. Il ne lui en voulait pas. Il était simplement désolé. C’est tout ce qu’il fut capable de dire. Il était désolé de ne pas l’avoir rejoins, la pensant morte. Il était désolé d’être devenu un autre. Il était désolé de l’avoir laissée toute seule. Il était désolé d’avoir changé de camp. La liste était longue. Mais du coup, il fit des excuses globales mais sincères. Cela se lisait à son visage. Mais ce fut ensuite l’étonnement qui décora ses traits. Elle venait de lui annoncer une drôle de nouvelle.

Ainsi, elle expliqua que Marvin, son mentor, était décédé. Ca, Ted ne s’y attendait vraiment pas. Ce type était un peu comme la peste, il était increvable et tenace. Enfin visiblement, pas tant que ça… Mais Theodore savait ce que cet homme représentait pour Sélèna. C’était une sacrée perte même si, d’un autre côté, cela la libérait. Elle ne dépendait plus de lui. Elle raconta alors la façon dont il était mort. C’était fort peu glorieux… Un banal accident… En fait, cela prêtait plutôt à rire mais Ted s’abstint. Même si Sélèna semblait s’en moquer, Ted savait que tout ça ne l’avait pas laissée indifférente.

« Merde… Je suis désolé de l’apprendre, Lèna. »

Quoi dire d’autre ? Si elle avait besoin d’en parler, il l’écouterait. Mais cela ne servait à rien d’enfoncer le clou en posant davantage de questions. Sélèna était une femme forte, de caractère. Mais cela ne voulait pas pour autant dire qu’elle était insensible. Cependant, elle n’aimait pas le laisser paraître et Ted le savait. Avec lui, elle pouvait être naturelle. Mais ils n’étaient pas vraiment dans un lieu que l’on pouvait qualifier de privé. Du coup, comme elle le proposait justement, Ted lui fit signe de le suivre pour se rendre dans un endroit où ils pourraient parler sans se sentir épiés.

Et quel meilleur endroit que chez lui ? Seulement chez lui, c’était aussi son bureau. Bien qu’il ne le précisa pas, il demanda juste à son ancienne compagne de lui faire confiance. Il savait qu’elle le ferait, elle lui avait toujours fait confiance. Pourquoi cela aurait changé ? Parce qu’une étoile décorait à présent son veston ? Il était au dessus de ça. Ses sentiments pour elle l’étaient en tout cas.

Par chance, elle le suivit, même s’il sentit qu’elle tombait des nues en voyant le bâtiment. Au moins, elle ne chipota pas et monta avec lui à l’étage. Là, il ne tint plus. Il devait la prendre dans ses bras, la toucher, sentir qu’elle était bien réelle et pas juste le fruit de son imagination. Il manqua de l’embrasser mais dévia sa trajectoire à la dernière seconde, la pressant juste contre lui. Sélèna sembla s’en étonner mais elle ne fit aucune réflexion. Ted était bien, là, tout contre elle, savourant la chaleur de ce corps qui lui avait tant manqué. Il le lui fit remarqué et elle avoua qu’il en était de même pour elle. Ce qu’elle disait le touchait mais il ne voulait pas replonger dans le passé.

Se détachant finalement d’elle, il alla s’asseoir sur son lit, la tête entre les mains, perdu. Il ne savait plus comment agir et réagir face à elle, il perdait ses moyens. S’il y avait une femme capable de le réduire en bouillie si elle le voulait, c’était bien elle. Il essaya de se reconcentrer afin de pouvoir répondre aux nombreuses questions qu’elle devait se poser. Il s’était passé tant de choses depuis leur séparation… Combien de temps ? Deux années entières au moins… Après un instant de silence, il se lança enfin, lui expliquant ce qu’il était devenu. Sélèna se rapprocha de lui, posant une main sur son genou, l’autre contre sa joue. Alors qu’elle la lui caressait, il s’appuya contre, fermant les yeux un instant. Cette caresse lui rappelait bien des souvenirs et lui faisait autant de bien qu’elle lui faisait de mal.

A son tour, Sélèna prit la parole. Elle ne voulait pas entendre dire que l’ancien Ted était mort. D’un certain côté il ne l’était pas. Il espérait toujours un jour pouvoir reprendre ses anciennes activités, vivre la vie qu’il désirait… Mais d’un autre côté, il savait qu’il en était à présent privé et il ne voulait pas se bercer d’illusions. Au fond, il était toujours le même, il était juste pieds et poings liés. Mais lorsqu’elle lui demanda si ce qu’il faisait était sa décision et le rendait heureux, il ne put plus faire bonne figure plus longtemps.

« Non… Ce serait mentir de dire que devenir shérif était ce que je souhaitais. C’est même tout le contraire.. Je me suis prisonnier comme si j’étais derrière des barreaux. J’ai la sensation d’avoir la corde autour du cou en permanence et que le colonel n’attend que le jour où il pourra me pousser. Je ne veux pas décevoir mon père mais… moi, shérif ? Personne n’y croit, moi le premier. »

Sélèna non plus n’avait pas une vie rêvée. Mais encore est toujours, sa vie la ramenait à lui. Il lui avait clairement manqué mais elle aussi et elle n’imaginait pas à quel point. A présent, elle était seule et libre de faire ce qu’elle voulait. Mais elle devait se sentir un peu démunie de ne plus être entourée par les deux hommes de sa vie.

« Et maintenant ? Que vas-tu faire ? Je n’ai pas envie de te voir disparaître à nouveau… J’ai besoin de toi dans ma vie maintenant que je sais que la grande faucheuse nous a laissé du répit… »

Du répit, ils en avaient pour le moment. Ted fixait Sélèna d’un air qui trahissait son affection pour elle. Il n’arrivait pas à détacher son regard du sien. Du coup, il ne réalisa pas tout de suite qu’elle se rapprochait de lui. Lorsqu’elle posa ses lèvres sur les siennes, son cœur loupa un battement. Puis, lorsqu’il sentit sa langue les lui caresser, il se jeta à corps perdu dans le baiser, y répondant avec une fougue et un désir non dissimulés. C’était comme si soudainement, il y avait une explosion de sentiments en lui. Manque, douleur, joie, amour, affection, désir… Tout était mélangé et il ne réfléchissait même plus.

Se penchant légèrement, il l’attrapa par les hanches et la fit se lever davantage pour qu’elle vienne s’asseoir à califourchon sur lui sans rompre le baiser. Une fois là, il agita ses mains sur son ceinturon pour la délester de ces armes inutiles. Elles tombèrent avec fracas sur le sol mais il s’en moquait bien. Remontant ses mains le long de son dos, il tira sur le corset, le détachant comme il le pouvait, son excitation soudaine le rendant fébrile dans ses gestes. En moins de temps qu’il n’en fallait pour le dire, il le lui avait retiré. Sans quitter ses lèvres, il l’attira contre lui afin qu’ils soient collés puis il la fit bascule sur le lit, la surplombant. Là, il rompit enfin le baiser pour respirer mais ne tarda pas à venir poser ses lèvres sur son cou. Il le couvrit de chauds baisers tandis qu’il lui arrachait presque sa chemise.

Alors qu’il pouvait enfin admirer sa poitrine, il se stoppa et ferma les yeux. Non, il ne pouvait pas faire ça… Cette scène lui rappelait un souvenir et il pensa alors à Irina. Que ressentait-il pour elle au juste ? Ils n’étaient pas un couple après tout, il ne la trompait pas. Mais trompait-il Lèna en la traitant ainsi ? Il ne voulait pas la blesser ni la perdre. En fait, il ne savait plus… Posant sa tête entre sa poitrine et son cou, Ted poussa un léger soupir, n’ouvrant toujours pas les yeux. Là, contre le corps de celle qu’il désirait, il essayait de rassembler ses esprits afin de ne pas tout gâcher.

« Je… Excuse moi Lèna, c’est… Je peux pas faire ça… » murmura t-il

Pourtant, il en crevait d’envie.

La mort de Marvin avait portée un grand coup à Lèna. Si elle n'était pas du genre à se laisser abattre ou à s'apitoyer, il n'en restait pas moins que son cœur souffrait. C'est sans doute pour ça que, malgré ses termes crus et son simulacre d'indifférence, Ted, qui la connaissait si bien, perça la peine qui la hantait. Lorsqu'il lui affirma être désolé, elle ne pu s'empêcher de faire un petit sourire. Marvin n'était pas une personne particulièrement appréciée. C'était une ordure, un filou et un assassin. Mais il était ce qui se rapprochait le plus d'un ami, d'une famille, d'un protecteur et d'un mentor pour Lèna. Aussi, nul doute que la compassion de son ancien amant allait vers elle et non vers le défunt. L'attention la toucha.

Cependant, le lieu où ils se trouvaient n'était pas l'idéal pour parler de ce qui avait pu ponctuer leurs vies depuis qu'ils ne s'étaient plus vus. Aussi, lorsque l'homme lui proposa de le suivre, Lèna accepta. Elle n'aimait pas l'endroit où il l’amenait et était plutôt du genre à s'en tenir très loin en temps normal. Mais puisqu'elle était avec Ted, elle n'avait rien à craindre, c'était une certitude.

C'est donc ainsi qu'elle se retrouva dans petite chambre de Theodore, située au dessus du bureau du Shérif. C'était plutôt logique puisque le Shérif justement, c'était lui. Voilà qui était d'ailleurs la plus étonnante nouvelle la journée. Plus étonnant encore que le fait que celui qu'elle pensait mort depuis deux ans ne l'était pas. Sélèna avait beaucoup de mal à assimiler l'information et ce même si l'explication de l'homme, quant à la raison qui l'avait mené là, était logique. Si la jeune femme avait toujours espérée retrouver son amour de l'autre côté, elle n'aurait jamais pensée que c'était de celui de la loi. Fixant Ted un instant, elle ne pu masquer son trouble. Ce n'était pas tant le fait que sa nouvelle position faisaient d'eux de présumés ennemis qui la dérangeait, mais plutôt celui qu'elle connaissait très bien celui qui lui faisait face. Hors, elle doutait fortement que ce rôle lui convienne. Il ne tarda d'ailleurs pas à confirmer ses inquiétudes.

" Je n'aime pas ça Ted. Je n'aime pas te savoir entravé, coincé, sans échappatoires possible. Si je peux faire quelque chose pour t'aider ou te soulager, n'hésite pas d'accord ? Et je te jure que si la corde que tu sens autour de ton cou se serre au point de t’étouffer, je la couperai, qu'importe ce que ça m'en coûtera. "

Car oui, Sélèna pouvait accepter beaucoup de choses. Plus encore lorsqu'il s'agissait de Ted. Elle était capable d'accepter sa nouvelle vie, de la respecter, mais certainement pas de le regarder dépérir et s'éteindre. L'homme explosif qu'elle avait côtoyée tant d'années ne pouvait pas disparaître si aisément, surtout si elle se trouvait dans les parages. Si il fallait qu'elle allume la mèche pour lui permettre s'embraser à nouveau, elle le ferait. Aussi, lorsqu'il lui demanda ce qu'elle comptait faire à présent, affirmant qu'il ne voulait plus la voir disparaître de sa vie, elle l'embrassa. C'était une pulsion incontestable, un désir enfouis depuis plusieurs années qui refaisait surface tel un volcan s'éveillant dans un jet brûlant.

La sensation semblait partagée et lorsque Ted lui attrapa les hanches pour la faire se placer à califourchon sur lui, il sembla à la jeune femme qu'ils ne s'étaient jamais quittés. La même passion les animaient toujours. Ils n'y avait cas voir la fougue de leur baiser et la fébrilité de leurs gestes.

L'armurier laissa son compagnon la délester de ses armes. Il était sans doute le seul à avoir droit à un tel privilège. Puis, alors qu'il la débarrassait de son corset, elle se souleva un peu, sans rompre le baiser, afin de pouvoir lui desserrer la ceinture et le libérer de son pantalon. Elle avait tellement envie de lui.

Lorsque Ted lui arracha presque sa chemise, glissant ensuite les mains sur sa peau, elle eut un petit frisson. Elle sentit les doigts de son compagnon passer sur une brûlure qu'elle avait héritée quelques mois auparavant, au niveau de sa hanche droite. Il n'en restait plus rien de visible mais une sensation granuleuse au touché trahissait toujours sa présence.

Cependant, pour l'heure, elle se moquait bien de cette ancienne blessure. Tout ce qui comptait c'était le désir hardent qui lui réchauffait le corps et lui vrillait l'esprit. Penchant la tête en arrière, ses cheveux caressant les draps, afin d'offrir son cou aux baisers de l'homme, elle eut un petit rire amusé alors qu'il la faisait chanceler. Les lèvres de Ted se baladant sur sa gorge lui arrachait des frissons. La sensation de picotement procurée par les poils de sa barbe de trois jours et le contact froid de ses trois pendentifs contre sa chair était la seule chose qui la maintenait dans un état plus ou moins lucide. Elle resserra ses cuisses contre les hanches de celui la surplombant ne le lâchant pas du regard, des fois qu'il disparaîtrait à nouveau.

Pourtant, l'homme resta là. Seulement, à défaut de s’envoler tel une illusion fantôme, il se contenta de cesser soudainement ses caresses, ses baisers, son étreinte passionnée. Alors qu'il laissait échapper un soupir dans son cou, Lèna passa une main dans les cheveux de son partenaire. Elle ne comprenait pas ce qui se passait. Pourquoi l'homme avait soudainement rompus la passion qui les animaient. Il ne pouvait par cela disait il. Mais pourquoi ? Était-il marié ? Cela semblait peu probable au yeux de la brune, à moins que ce ne soit juste parce qu'elle ne désirait pas envisager cette hypothèse. Avait il peur de la brusquer ? Qu'ils ailles trop vite ? Après tout, Ted savait ce qu'elle avait endurée par le passé et s'était toujours montré doux et prévenant de ce côté là. Oui, c'était sans doute ça. Il avait sans doute peur qu'elle ne le prenne pour un de ces hommes uniquement attiré par son corps. Mais il était évident que jamais elle ne pourrait le voir ainsi. Prenant ses joues entre ses mains, elle lui fit relever le visage pour pouvoir le regarder droit dans les yeux. Puis, avec un sourire rassurant et une voix chaude quasi murmurée, elle prit la parole.

" Ted, c'est moi, Lèna. Je suis là maintenant, et je ne disparaîtrais plus. Ne t'en fais pas, tout va bien se passer. "

Puis, elle l'embrassa une nouvelle fois, de façon bien plus tendre, resserrant ses cuisses contre lui. Elle ne savait pas vraiment ce qui se passait dans la tête de son compagnon et c'était peut-être bien la première fois que ça lui arrivait, du moins depuis longtemps. Avançant sur un terrain inconnu, elle ne désirait pas faire un faux pas, préférant voir si son hypothèse était la bonne et si les craintes de Theodore étaient à présent un peu soulagée.

S’il y avait bien quelqu’un qui connaissait bien Sélèna, c’était Theodore. Ils n’avaient vécu que quatre ans ensemble, mais cela avait été quatre années mouvementées et passionnées. Il ne leur avait fallu rien de plus pour se connaître sur le bout des doigts et ne plus avoir de secrets l’un pour l’autre. Ted lui faisait une confiance aveugle, il savait qu’il aurait pu lui confier sa vie sans la moindre hésitation. Et encore même maintenant alors qu’il venait à peine de la retrouver. Il ne doutait pas qu’elle était toujours la même, malgré les années et la séparation. Mais elle, le voyait-elle toujours comme étant le même ? Il avait changé, il n’avait déjà plus le même statut.

Déjà, il était passé de l’autre côté de la barrière. Généralement, c’était l’inverse qui était plutôt mauvais. Mais là, pour lui, ça revenait au même. Adieu la liberté, adieu les projets qu’il avait en tête. Même s’il était shérif, il se sentait comme en cage, derrière les barreaux. Cette vie, ce n’était pas lui qui l’avait choisie. Malgré tout, il faisait de son mieux et n’en laissait rien paraître. Mais au fond, cela ne le rendait pas heureux. Tant pis s’il devait finir au bout d’une corde, mais il aurait payé cher pour redevenir Dynamite Ted, l’homme aux multiples explosifs. Et comme si ça ne suffisait pas, voilà que surgissaient des démons de son passé.

En l’occurrence, elle n’avait rien d’un démon. Au pire, elle avait tout d’une tentatrice, celle à qui on ne peut pas résister, celle qui sait vous convaincre. Pourtant elle ne faisait rien pour, en tout cas pas volontairement. Mais Theodore était sous son charme, il était lié à elle. Ces quatre années qu’ils avaient partagés, il ne pouvait pas les oublier. Et maintenant qu’elle était là, il ne risquait pas de le faire. Le pire était qu’elle le comprenait toujours aussi bien. Elle voyait bien qu’il n’était pas fait pour ça, qu’il n’avait plus l’énergie qu’il déployait avant. Non en fait le pire était qu’elle lui proposait son aide. Il savait que s’il se laissait tenté, il céderait facilement. Il n’avait pas besoin de grand chose pour tout plaquer et repartir avec elle. Mais ici il avait ses amis et Irina. Il ne pouvait pas tout plaquer non plus. Mais l’implication personnelle de Sélèna lui faisait chaud au cœur. Non, elle n’avait pas changée…

« Il n’y a pas grand chose à faire. Mais je sais que tu m’aiderais. J’ai confiance en toi, j’ai toujours eu confiance en toi. Mais je ne veux pas t’impliquer dans tout ça. Jusqu’à présent tu n’es pas connue de la justice et je n’ai aucune envie que ça commence… surtout à cause de moi. »

S’il avait résisté à la tentation d’une approche plus physique avec son ancienne compagne, cette dernière n’hésita pas bien longtemps, elle. Elle ne lui avait pas répondu, elle avait clos la conversation d’un baiser. Mais Ted se fichait bien de la réponse… il avait déjà oublié sa question. Toute hésitation s’envola, il ne restait plus que son envie d’elle, son envie de la toucher, de serrer son corps contre le sien, de ne plus la laisser partir.

Si c’était elle qui avait mis le feu aux poudres, c’était à présent lui qui gérait la situation. Il la délestait de ses affaires, reprenait connaissance de ce corps qu’il connaissait sur le bout des doigts. Ses gestes étaient rapides et précis, trouvant facilement les endroits à défaire pour dévoiler la peau de la jeune femme. En moins de temps qu’il n’en fallait pour le dire, il l’avait déjà séparé de ses armes et son corset et sa chemise était en bonne position pour subir le même sort.

Il la laissa s’occuper de son pantalon tandis qu’il glissait ses mains sur sa peau. Il ne s’étonna même pas de certaines marques qui n’étaient pas là avant. A vrai dire, il ne réfléchissait plus, entièrement guidé par ses pulsions. Détachant ses lèvres des siennes, c’est son cou qu’il prit pour cible. Là, il vit les pendentifs qui ne la quittaient jamais dont celui qu’il lui avait offert : la plume. Que de souvenirs… Ce n’était pas si vieux que ça et dans sa tête il se disait qu’ils n’avaient jamais été séparés au final. Mais pourtant… il s’arrêta. Qu’était-il en train de faire au juste ?

Sélèna ne sembla pas comprendre pourquoi il arrêtait tout d’un coup. Comment aurait-elle pu le deviner ? Ted ne savait plus ce qu’il devait faire ou pas. Il pensait qu’il était en train de commettre une erreur, de tout gâcher. Mais la jeune femme lui attrapa le visage pour lui faire relever le regard vers le sien. Ses yeux bleus clairs plongés dans les siens s’y perdirent un moment, si bien qu’il ne comprit pas tout de suite ce qu’elle lui disait. Lorsqu’elle l’embrassa à nouveau, Ted se sentit partir. Il n’était plus là, en tout cas plus le Ted actuel. Il repartait plus de deux ans en arrière, remontant le temps. Le contact de Sélèna lui faisait perdre toute notion de ce qui les entourait. Cette fois, il ne pouvait plus reculer. Il ne voulait plus reculer.

Répondant d’abord tendrement au baiser, il ne tarda pas à le rendre plus fougueux, excité par la pression des cuisses de la criminelle contre les siennes. Ses mains descendirent jusqu’au pantalon de la jeune femme qu’il détacha et fit glisser. Il quitta ses lèvres le temps de lui enlever, retirant le sien complètement par la même occasion. Revenant contre elle, il se mit alors à embrasser son ventre, remontant rapidement jusqu’à sa poitrine puis ses lèvres. Il retira son veston qu’il jeta au sol ainsi que sa chemise, savourant le contact de sa peau contre la sienne. Ses mains agrippèrent alors ses jambes et sans un mot, il commença à lui faire l’amour.

Le premier contact fut plutôt doux, comme au ralenti. C’était plus fort que lui, il n’arrivait pas à la brusquer dès le départ. Cela venait sans doute du fait qu’inconsciemment, il savait ce qu’elle avait vécue par le passé. Mais maintenant que leurs corps étaient mêlés, Ted se fit de plus en plus passionné. Il n’avait pas besoin de lui parler pour lui transmettre tout le désir qu’il avait pour elle. La serrant contre lui, il lui exprimait toute cette passion qu’ils avaient partagé pendant toutes ces années.

Mais lorsque leur étreinte fut terminée, longtemps après qu’elle ait commencé, Ted commença à retrouver ses esprits. Allongé contre Sélèna, il reprenait son souffle, réalisant alors ce qu’il venait de se produire. Il avala difficilement sa salive, se sentant on ne peut plus mal. C’était paradoxal. D’un côté il se sentait extrêmement bien et de l’autre, il se sentait coupable. Mais coupable de quoi ? Il fallait qu’il extériorise ce qu’il avait sur le cœur. Il ne voulait pas que Sélèna croit qu’il se servait d’elle… pire, qu’il profitait d’elle.

Lentement, il releva la tête vers elle, posant son front contre le sien. Il resta ainsi un moment puis recula le visage et se poussa d’au dessus d’elle. Il se posa sur le côté, fixant le matelas qu’ils venaient de partager. Il crispa sa main sur les draps, ne sachant pas trop quoi dire.

« Ecoute Lèna je… Je suis heureux de t’avoir retrouvé. Tu n’imagines pas à quel point. J’ai l’impression d’avoir retrouvé une partie de moi qui me manquait tant. »

Il tendit une main vers elle, caressant sa joue un instant avant de la retirer.

« Je ne regrette pas ce qui vient de se passer mais… je ne veux pas que tu crois que je profite de toi. Je… Il y a une femme dans ma vie. Enfin, nous ne sommes pas un couple mais elle ne me laisse pas indifférent. Alors je ne sais pas… Avec ton retour, je ne sais plus… Je ne voulais pas te le cacher, j’ai voulu te le dire… Mais… tu es toi. Oh Lèna, je t’en prie, pardonne moi… »

Le cœur de Lèna s'était quelque peu serré lorsque Ted lui avait annoncé que celui qu'elle avait connu autrefois était désormais mort. Pourtant, l'homme démontrait en cet instant que c'était loin d'être le cas. Affirmant qu'il avait confiance en elle, comme ça avait toujours été le cas, il trahissait ses vrais sentiments. Si il avait réellement désiré devenir quelqu'un d'autre, tirant un trait total sur son passé, jamais il n'offrirait pas autant de crédit à son ancienne amante, hors la loi de surcroît. Rassurée par de tels propos, la brune comprit que leur complicité était toujours intacte, qu'importe le temps, qu'importe les changements. Cela lui donnait d'autant plus l'envie de l'aider et ce même si le jeune homme clamait ne pas vouloir la mêler à ses problèmes. Définitivement, le Ted qu'elle avait connue n'était pas trépassé, il était toujours le même, prévenant et attentionné, envers elle tout du moins.

Cependant, elle comprenait ce à quoi il avait fait allusion. Dynamite Ted avait bel et bien disparut. Sa fougue, son éclat, sa malice... sa liberté. Mais Lèna n'était pas prête à l'enterrer de nouveau, si l'homme avait pu "revivre" une fois, elle ne doutait pas qu'un nouveau miracle était encore possible. Il fallait sans doute juste un peu de temps, quelques petites choses à mettre en oeuvre et une bonne motivation pour déterrer l'ancien hors la loi de la tombe oppressante dans laquelle la destiné l'avait balancé.

Mais pour l'heure, rien ne pressait. Ils venaient tout juste de se retrouver, après tant de temps, et Lèna ne désirait pas ternir ce moment en titillant les regrets et l’amertume de Ted. Elle lui avait promis son aide, il l'avait déclinée, elle allait tout faire pour lui apporter tout de même, il le savait... inutile de débattre plus longtemps. De toutes façon, aucuns des deux n'auraient eut le dessus.

" Très bien, laissons les choses telles qu'elle alors. En tout cas pour le moment. Mais je t'assure qui si je vois la moindre ouverture pour te "libérer" je m'y engouffrerai plus vite qu'un vent d'ouest dans une paroi fissurée. Et ne t'en fais donc pas pour ma célébrité, je sais agir avec discrétion, tu le sais. "

Les choses étaient claires, comme toujours entre eux. Lèna était une femme très secrète, mystérieuse même. Mais Theodore et elle avait toujours eut une règle, pour que les choses puissent marcher, "ne jamais rien se cacher". Quelque soit ses intentions, elle comptait bien le tenir au courant et certainement pas agir dans son dos. Ça aurait été le trahir, les trahir. Le moment venu, si une intervention de la part de la brune était possible, elle trouverait les arguments pour le faire plier à son projet, elle était certaine.

Cependant, pour l'instant, c'était surtout elle qui était en train de plier, sous le charme du jeune Shérif. Il lui était impossible de se tenir là, près de lui, sans le toucher, sans en être en contact avec sa peau. C'est qu'il lui avait tellement manqué.

Portée par un désir abasourdissant, elle l'avait embrassé, puis, leurs corps avaient retrouvé leurs marques sur celui de l'autre. C'est guidé par une pulsion sauvage et par les souvenirs tactiles du passé qu'ils commencèrent à se caresser, à se dévêtir. Pas une fois en deux ans, Lèna n'avait ressentit ce genre de sensation. Elle avait bien sûr eut quelques amants depuis la présumé mort de Theodore, mais la passion ne l'avait plus jamais embrasée.

Pourtant, en plein milieu de leur étreinte, Ted avait cessé toute caresse, tout baiser. Les poils de la peau brûlante de la brune s'étaient hérissés sous la privation soudaine. L'homme murmura qu'il ne pouvait aller plus loin. Lèna ne comprenait pas pourquoi, mais le souffle chaud de son compagnon contre sa gorge ne lui permettait pas d'être en accord avec une telle résolution. Alors, au lieu de calmer le jeu, elle prit le visage du Shérif entre ses mains et tenta de le rassurer, avant de l'embrasser à nouveau, bien décidée à reprendre là où ils en étaient.

Et c'était visiblement ce dont il avait besoin. Glissant tout deux vers une passion mi-sauvage, mi-tendre, Lèna en oublia les derniers événements qui avaient assombris sa vie ses dernières années. Elle se sentait à nouveau revivre. Confiante envers son partenaire, et ce malgré les sévices qui avaient ponctués son adolescence, elle se laissa aller. Cherchant toujours à garder un contact visuel avec les sublimes yeux bleu de son amant, la brune se cambrait, tressaillait, se mêlait à lui. Elle avait oubliée comme le sexe pouvait être une extension d'amour. Aussi, lorsqu'il eurent terminés leur ébat, Lèna pouvait affirmer sans doute qu'elle ne s'était jamais sentie aussi bien.

Pourtant, un drôle de sensation lui piqua le bout du nez lorsqu'elle toisa celui avec qui elle venait de partager un tel moment. Il y avait quelque chose dans son attitude qui trahissait une gêne. Ça ne présageait rien de bon, peut-être aurait elle du prendre le temps de l'écouter finalement ? En tout cas cette fois, elle était toute ouïe.

" Moi aussi Ted, moi aussi j'ai l'impression d'être à nouveau entière. "

Mais ce qui vint ensuite, elle aurait préférée ne pas avoir à l'entendre. C'était peut-être la première fois de sa vie qu'elle regrettait leur franchise mutuelle. Ted avait de l'attirance pour une autre femme. Il s'en excusait, il semblait se sentir coupable. Pourquoi ? Après tout, il était un jeune homme charmant, en vie, et il la pensait morte. Il était donc plutôt logique qu'il ait continué à exister. Contrairement à elle, il avait avancé, il n'était pas resté coincé dans le passé, resté coincé avec le souvenir d'un spectre. Pouvait elle lui en vouloir pour ça ? Certainement pas. C'était lui qui avait la réaction la plus saine. Mais malgré tout, le fait de l'entendre lui fendit le cœur. En l'espace de quelques mots, son état d'esprit avait viré de bord. De la joie, elle passait désormais à la peine. Sa gorge se serra, ses yeux s'assombrirent et elle commença à trembler un peu. Pourtant, elle ne voulait rien laisser paraître. Elle n'avait aucune envie de mettre Ted plus mal à l'aise qui ne semblait l'être. Forçant donc un sourire elle se redressa, cherchant son corset d'une main. Au diable la chemise, elle n'était pas sûre qu'elle soit encore en état et ne désirait pas prendre trop de temps à se revêtir.

" C'est rien Ted, ne t'excuse pas pour ça. T'a pas à t'en vouloir. Si vous n'êtes pas ensembles, tu ne lui a pas fait d'infidélités. Quant à nous... tu ne me dois plus rien tu sais. Tu n'es plus miens visiblement, et je...je peux comprendre ça. Je ne m'y attendais juste pas, je ne sais pas pourquoi j'ai eu la naïveté de croire que les choses étaient toujours les mêmes. "

Relaçant rapidement son corset, glissant à présent dans ses sous vêtements, elle se pencha pour lui déposer un baiser sur la joue.

" Merci pour ton honnêteté. Ne t'accable pas, tout va bien. J'ai juste besoin d'aller faire un tour, histoire d'emmagasiner tout ça. Et puis, je dois passer chez l’apothicaire. On se verra plus tard d'accord ? "

Quittant le lit, elle termina de se vêtir, récupérant ses armes au passage, avant de se diriger vers la sortie. Lèna n'avait pas la force de rester, de lui soutenir plus longtemps que tout allait bien. A présent qu'elle lui tournait le dos, elle laissa tomber son masque de confiance. Son sourire s’envola et des larmes montèrent à ses yeux. Elle était en colère, pas contre Ted mais contre elle même. Elle était blessée. Elle était... déçue. Mais dans le fond, elle ne pouvait s'en prendre qu'à elle, il avait essayé de le lui dire. Pourquoi diable avait elle permis à son cœur, depuis si longtemps éteins, de lui offrir une petite bouffée de bonheur ? Elle savait que ce genre de chose n'était plus fait pour elle... et pourtant.

S'arrêtant devant la porte, elle prit une franche inspiration. Avait elle vraiment le droit de fuir comme une voleuse ? Pourrait elle encore se targuer d'être courageuse après ça ? Certainement pas. Toute sa vie elle avait regardé les problèmes en face, il aurait été lâche de ne plus faire, juste par faiblesse sentimentale. Theodore méritait plus de considération que ça. Il avait été honnête, elle se devait de l'être en retour. Se retournant vers l'homme, elle vissa son regard dans le sien.

" Je t'aime Ted, je t'ai aimé dès notre rencontre et ça ne changera pas. Je ne pense pas que tu aies profité de moi, parce que j'ai ressentis dans ton étreinte que c'est également le cas pour toi. Le fait que tu aies des désirs pour une autre est délicat pour moi, mais ça ne change en rien ce que je ressens. Le choix t'appartiens mais soit sûr d'une chose, maintenant que je t'ai retrouvé, je ne compte pas te perdre à nouveau, qu'importe ta décision. Toi et moi, c'est à la vie à la mort, n'est ce pas ? "

Laissant glisser son regard sur le corps de l'homme, Lèna du lutter contre l'envie de courir vers lui et de trouver refuge dans ses bras. Non, elle ne comptait pas fuir. Elle ne comptait se laisser abattre. Son regard à nouveau embrasé de volonté, elle avait retrouvé toute sa fougue. Elle était forte, elle l'avait toujours été et aujourd'hui, pour lui, elle avait envie de l'être plus que jamais.

Theodore savait bien que les paroles de Sélèna n’étaient pas des paroles en l’air. Si elle disait qu’elle sauterait sur la première occasion pour le libérer, il savait qu’elle le ferait quoiqu’il en coûte, elle était comme ça. Mais c’était justement pour ça qu’il ne voulait pas qu’elle s’en mêle. Sa vie actuelle était déjà bien assez compliqué, il ne voulait pas que la jeune femme se retrouve coincée dedans. Comme elle le disait, elle était toujours discrète, elle n’était pas connue comme étant une hors-la-loi. Mais si les gens découvraient qu’elle appartenait à son passé et qu’elle l’entrainerait avec elle à la moindre occasion, il risquait d’y avoir quelques problèmes.

« Je sais Lèna. Mais je ne peux pas tout plaquer. Ma vie a changé, c’est comme ça. Mais je serai ravi que tu en refasses à nouveau partie. Ainsi, je me sentirais davantage vivant avec toi à mes côtés. »

Mais il ne disait pas qu’il la désirait en tant que compagne. Quelque part c’était le cas et elle l’était toujours. Seule la morte pouvait les séparer mais… aucun d’eux n’était finalement mort. Ce n’était pas comme s’ils étaient mariés mais aux yeux de Ted, c’était tout comme. Et là, il se retrouvait dans une situation délicate. Toutefois, il oublia tout cela bien vite lorsque les lèvres de Sélèna se posèrent sur les siennes. De tels gestes lui rappelaient le passé et leur ancienne condition. Porté par ce désir pour elle qui ne l’avait jamais quitté, il lui rendit l’amour qu’elle lui portait.

Mais peu après, il réalisa ce qu’il faisait. Il ne voulait pas aller plus loin, il ne voulait pas avoir le sentiment de trahir qui que ce soit, ni elle ni Irina. Il ne devait de compte à personne mais il se sentait tiraillé et il détestait ça. Pourtant, Sélèna su se montrer convaincante. Il n’eut pas besoin de plus pour franchir la limite et savourer à nouveau l’étreinte de leurs corps. Cette femme il la désirait, il l’avait toujours aimée. Il l’aimait toujours et cela se sentait à travers ses gestes. Ce n’était pas juste un acte physique entre eux.

Cependant, lorsque Theodore reprit ses esprits, il se sentit mal. Il aurait préféré exposer la situation à Sélèna avant mais il n’en avait pas eu le temps. Le seul à blâmer, c’était lui et c’est penaud qu’il expliqua à sa partenaire sa condition actuelle. Il se doutait bien que cela ne lui ferait pas plaisir, il s’attendait même à ce qu’elle le prenne mal, le gifle et s’en aille. Mais il n’en fut rien. Ce fut bien pire. Rien qu’à voir son visage, il su qu’il venait de la blesser. Il ne voulait pas lui faire de la peine, en aucun cas, mais c’était déjà trop tard. Il ne voulait pas lui mentir, il avait toujours été honnête avec elle et il ne voulait pas que cela change. Mais même s’il était tenté de mentir pour ne pas lui faire de mal, il savait qu’il ne pourrait jamais lui faire une chose pareille. Lui mentir était pire que de la blesser…

La hors-la-loi lui sourit pourtant, se redressant pour chercher ses vêtements. C’était comme si elle s’en moquait, comme si c’était juste comme ça et qu’elle ne comptait pas s’attarder. Ils avaient eu ce qu’ils voulaient et hop, elle repartait. Ted ne voulait surtout pas que les choses tournent comme ça mais avait-il le droit de la retenir si elle comptait partir aussitôt ? Il la laissa se rhabiller, lui n’en fit rien. Il la regardait, se sentant coupable comme s’il venait de la tuer. Mais le pire fut les paroles que prononça Sélèna. Elle était sincère mais ses mots firent à Ted l’effet d’un coup de couteau en plein cœur. C’était sans doute ce qu’elle ressentait actuellement et elle arrivait très bien à le lui faire comprendre. Oui, il avait continué sa vie après avoir longuement « cessé de vivre ». Et il avait fallu que Sélèna débarque à ce moment là. Chienne de vie. Mais il ne pouvait pas écarter Irina comme ça, d’un revers de la main. Ce qui blessait le plus Ted était le fait que Sélèna disait qu’il n’était plus sien. Quelque part c’était la vérité puisqu’il l’avait cru morte. Mais à présent, il n’en était plus aussi sûr. Il l’aimait toujours.

Restant silencieux, il baissa les yeux, serrant la mâchoire. Pourquoi les choses étaient-elles ainsi ? Pourquoi tout gâcher bêtement ? Ted ne savait pas comment trouver la solution idéale… En fait il n’y en avait juste pas. Lorsque Sélèna l’embrassa sur la joue, il leva la tête vers elle. Elle disait avoir besoin de partir, d’aller faire un tour. Elle affirmait le voir plus tard mais il n’était pas certain qu’il la reverrait. Et si elle partait pour de bon ? Il ne voulait pas qu’elle parte si vite comme s’ils n’étaient que des inconnus ayant simplement partagé leurs draps. Ted eut envie de la supplier de ne pas partir mais il lui avait fait déjà assez de mal comme ça. Il se contenta donc de mollement hocher la tête même si son regard trahissait une certaine douleur.

Il la regarda se revêtir puis se diriger vers la porte, lui tournant le dos. Ted lutta contre l’envie de se lever à son tour pour la rejoindre et la prendre dans ses bras. Inutile d’en rajouter une couche… Mais il avait la sensation que si elle passait le seuil de la porte, il ne la reverrait jamais. Comme si elle avait lu dans ses pensées, elle se retourna vers lui. Son visage n’était plus souriant, ses yeux semblaient humides. Toutefois, ses yeux exprimaient à présent une toute autre émotion, comme si la flamme qui l’animait brûlait à nouveau. Allait-elle lui faire un nouveau reproche ?

Ce ne fut pourtant pas le cas, bien au contraire. Elle lui avoua alors l’aimer et ressentir qu’il en était de même pour lui. Elle ne comptait pas le laisser tomber mais c’était lui qui avait toutes les clés en main à présent. Seulement, elle comptait bien se battre s’il le fallait. Le cœur brisé de Theodore sembla se recoller sous cette déclaration. Il ne se sentait plus accablé et coupable, il se sentait déjà mieux, comme poussé par une force inconnue. Cette femme, elle était bel et bien son moteur, sa motivation à avancer. Mais il savait également que c’était dangereux. Pourtant, sur le coup il n’y pensa pas.

Se levant, il ne prit pas la peine de se revêtir et se dirigea immédiatement vers elle. Il l’entoura alors de ses bras, la plaquant contre lui. Dans cette étreinte, elle pouvait sentir à quel point elle lui avait manqué. C’était une étreinte à la fois puissante et tendre mais l’on sentait bien qu’il n’avait aucune envie de la lâcher et donc de la voir partir. Mais que pouvait-il répondre à ce qu’elle venait de dire ? Comme toujours, la vérité… Il ne voulait pas la blesser davantage mais puisqu’elle était honnête, il le serait également. Il était inutile de se voiler la face. Se décollant très légèrement d’elle, il planta son regard dans le sien un instant puis il l’embrassa d’une façon fort passionnée, trahissant son amour pour elle. Ce n’était plus du désir qu’il exprimait mais bel et bien tout ce qu’il ressentait pour elle. Une main glissée dans ses cheveux, il appuya le baiser un long moment puis finit par détacher ses lèvres des siennes. Sa main glissa alors jusqu’à sa joue qu’il caressa.

« Je t’aimerais toujours Lèna… Quoique je fasse je sais que ça ne changera jamais. Tu es spéciale à mes yeux, tu as une place que personne d’autre ne pourra jamais occuper. Tu m’es importante, je ne veux pas te voir disparaître de ma vie maintenant que je t’ai enfin retrouvée… Mais ce serait égoïste de ma part de t’imposer quoique ce soit… J’ai longtemps arrêté de vivre parce que c’était toi qui faisait battre mon cœur. Et puis… je me suis finalement laissé tenter. Je ne peux pas tout plaquer, ma situation est compliquée… Je sais juste que je ne pourrais jamais redevenir celui que j’étais avant. Je suis coincé ici et je risque de ne t’apporter que des problèmes. Ne gâche pas ta vie pour moi Lèna… »

Il posa son front contre le sien et ferma les yeux, restant ainsi un moment. Il se remémorait de vieux souvenirs ensemble et il se rendait compte que c’était comme s’ils ne s’étaient jamais quittés. Pourtant, il se souvenait également de la douleur ressentie lorsqu’il l’avait cru morte. Plus jamais il ne voulait ressentir ça. Attrapant sa main, il la fit monter jusqu’à son visage pour déposer un baiser dessus avant de la déposer contre son torse au niveau du cœur.

« Tu seras toujours là… C’est la seule chose que je peux te promettre… »

Théodore affirmait que même si son ancienne compagne était en mesure de l'aider, il ne pouvait pas disparaître si facilement. Il avait désormais une nouvelle vie et semblait s'être résolu à la mener au mieux. Pourtant, quelque chose au fond de ses yeux laissait entendre le contraire. Lèna savait que lorsque Theodore lui disait quelque chose, c'est qu'il le pensait. Mais ce qui l'effrayait c'est que l'homme ait finit par s'auto-convaincre qu'il pouvait vivre ainsi, écrasé par une fatalité qui lui paraissait, à lui, immuable. Mais si tel était le cas, il allait falloir du temps pour que la brune s'en assure. Elle n'avait pas envie de lui forcer la main si son choix était sincère. Dans la cas contraire...

Mais pour l'heure, elle préférait s'attacher à des choses plus joyeuses. Leur retrouvaille, les mots que prononçait son ancien amant et qui lui réchauffait le cœur ou encore l'idée qu'à présent ils ne seraient plus séparés. Il la voulait dans sa nouvelle existence, afin de lui insuffler un peu de vie et elle ne voyait pas les autres choses autrement. Comme aurait elle pu ? Elle avait une seconde chance d'être aux côtés de celui qui avait toujours fait battre son cœur. Rien, absolument rien ne la priverait d'un tel coup de pouce du destin.

Lèna savait désormais pourquoi, même si elle avait sentie le piège du rendez-vous, ses pas l'avaient conduite à Tumbleweed. A la mort de Marvin, elle s'était sentie plus seule que jamais et avait décidée de continuer sa route en solitaire. Mais ce n'était visiblement pas ce qui était prévu pour elle. Les retrouvailles avec Ted semblaient tomber tellement bien qu'elles en avaient un air providentiel.

Laissant son corps exprimer bien mieux que les mots à quel point elle était heureuse de le retrouver, à quel point il lui avait manqué, à quel point elle ne souhaitant plus qu'ils soient séparés, Lèna embrassa son ancien compagnon. Puis, la suite se fit naturellement, mêlée de désir et de vieux souvenirs. Ils firent donc l'amour, et cela malgré le fait que le Shérif ait tenté d'objecter. La brune n'était pas dans les dispositions idéale pour écouter ses protestations, son esprit trop embrumé par une multitude de pensées confuses.

Cependant, lorsqu'ils eurent terminés leurs ébats, elle prit le temps de prêter oreille à ce que l'homme avait tenté de lui dire. Et là, ce fut comme une gifle. Elle eut l'impression d'entendre son cœur, fraîchement reformé, venait d'exploser en milles morceaux. Chacun d'eux lui lacerait la chair de l’intérieur lui provoquant une douleur atroce. Mais elle ne souhaitait rien laisser paraître. Theodore semblait déjà si mal, si coupable. Alors qu'en réalité, la seule à blâmer était elle même. Déjà, parce qu'elle ne l'avait pas écouté lorsqu'il avait voulut prendre la parole. Ensuite, parce qu'elle avait été assez naïve pour s'imaginer qu'il n'avait pas avancé et qu'il suffisait qu'ils se retrouvent pour que tout recommence comme avant, balayant en une seconde deux années de séparation. Un gout amer plafonna sa bouche alors qu'elle s'empressait de se revêtir. Ses tempes battaient fort et elle voulait partir au plus vite, ne plus avoir à affronter le regard abattu de celui qu'elle aimait, ne plus avoir à affronter la situation que son aveux venait de créer.

Pourtant, au dernier instant, juste avant de fuir la pièce lâchement, Lèna se ravisa. Qu'était elle en train de faire ? Ça ne lui ressemblait tellement pas. Et comment pouvait elle infliger ce genre de comportement à Ted ? Sa couardise ne devait pas sanctionner la sincérité de l'homme. Cela aurait été injuste et si il y avait bien une chose qu'elle ne désirait pas, c'était l'être avec lui.

Se tournant donc à nouveau vers le lit, ayant délaissé tout masque d'insensibilité, la brune se confia, ouvrant son cœur, ne cachant rien. Quelque chose au fond d'elle lui disait que tout allait bien se passer, qu'importe la douleur, qu'importe la peine, puisqu'ils étaient à nouveau là l'un pour l'autre. Aussi, nulle raison de fuir, de se cacher, de taire ses sentiments, ses envies, ses projets.

Cela semblait être ce que Ted attendait d'elle, une franchise égale à la sienne et une volonté insoumise qui l'avait toujours caractérisée. Il s'était redressé et s'avançait maintenant vers elle pour l'enlacer. Elle ne le repoussa pas, bien au contraire. Elle lui rendit son éteinte, puis son baiser. Elle emplit ses narines de l'odeur de l'homme, ce parfum naturel qui lui avait tant manqué. Lorsque elle pensait que son compagnon était mort, elle avait souvent cherchée à sentir cette effluve autour d'elle, comme une preuve que même dans l'autre monde il ne l'avait pas réellement quitté. Bien sûr, elle n'avait jamais rien humée de la sorte mais cela était logique puisque Ted n'était pas mort finalement.

Une fois le baiser rompu, Lèna appuya sa joue contre la main de l'homme, ne cillant pas sous son regard azur, écoutant ce qu'il avait à dire. Il était en train de lui rendre sa liberté. De lui offrir une porte de sortie, une échappatoire à leur liaison si forte. Si elle restait près de lui, les choses risquaient de devenir compliquées, voir dangereuse et il ne désirait pas qu'elle subisse tout ça. Lui offrant un sourire partagé entre défi et assurance, Lèna secoua un peu la tête tout en caressant le torse de son interlocuteur du bout des doigts.

" Je serai toujours là oui, mais pas que dans ton cœur. Car, parce que tu es encré dans le miens, je ne compte pas m'éloigner de toi. Il n'y a rien d’égoïste dans ton désir de m'avoir à tes côtés, parce que c'est également ma volonté. Comment veux tu qu'il en soit autrement, te retrouver est la meilleure chose qui soit arrivé dans ma fichue vie de merde. Et puis, question problème, c'est pas plutôt moi qui risque de t'en causer... hein Shérif ? *petit sourire* Ne t'en fais pas Ted, on va trouver une façon d'éviter les ennuis sans avoir à se dire adieu. Parce que c'est comme ça qu'on à toujours fait. Toi et moi, côte à côte face au reste du monde, et advienne que pourra. La seule chose que j'ai besoin de savoir, c'est comme me tenir près de toi. Ai je le droit de faire ça *lui vole un baiser* ou ça *l'embrasse dans le cou* ou bien préfère tu avoir un peu de temps pour réfléchir à la situation ? Je comprend que mon apparition soudaine t'ai un peu emmêlé, parce que, je te rassure, il en va de même pour moi. Alors si il te faut du temps je comprendrai. Dis moi juste quoi faire. "

Elle resta donc ainsi, contre lui, savourant son contact qui serait peut-être le dernier du genre, attendant son opinion sur la question. Il lui fallait encore se rendre chez l’apothicaire, mais tout d'un coup, cela lui semblait bien moins urgent.

Ted ne savait plus, il était perdu. Déjà, le retour de Sélèna bousculait à lui seul tout ce qu’il avait mis en place. Il ne comptait plus avec elle, il avait refait sa vie, pas tellement celle qu’il désirait mais il ne l’avait pas comptée dedans, la pensant morte et enterrée. Mais maintenant qu’elle était là, bien vivante et dans ses bras, il ne savait plus. Il n’avait plus envie de cette vie de shérif, à faire des choses qu’il ne voulait pas et à être le larbin d’un homme qui n’attendait que le moment où il pourrait le pendre. Au fil du temps, Theodore s’était convaincu tout seul que c’était ce qu’il y avait de mieux à faire, que c’était un passage obligé pour expier ses fautes et faire honneur à son défunt père. Mais dans le fond, tout cela l’ennuyait et il n’attendait que le moment où il serait à nouveau libre de ses mouvements et ne plus avoir l’impression d’être un prisonnier surveillé H24.

Avec le retour de son ex compagne, Ted se faisait violence pour ne pas lui proposer de tout plaquer et de partir ensemble, refaire ce qu’ils faisaient auparavant. Mais il y avait certaines choses qui le retenaient ici. Et il ne voulait pas impliquer Sélèna dans sa fuite… car nul doute qu’il serait poursuivit et il connaissait assez bien le colonel pour savoir que la prime sur sa tête serait alors au moins doublée… voire plus.

Non, il ne voulait rien lui imposer ni même la blesser. Ce retour était providentiel mais il tombait bien mal. Pourquoi n’était-elle pas réapparue plus tôt ? Theodore n’avait qu’une envie, la retrouver comme avant, comme le leur permettait leur ancienne relation. Mais le souvenir d’Irina l’en empêchait.

Cependant, Sélèna su vite le lui faire oublier, son charme naturel et l’attirance que Ted avait pour elle suffirent largement. Ce sont des retrouvailles enflammées auquel ils s’adonnèrent l’un et l’autre, ne pensant plus au reste. Mais une fois que le shérif reprit ses esprits, il réalisa qu’il avait peut-être tout gâché. En plus de possiblement perdre Irina, il risquait surtout de perdre Lèna. Là il se retrouvait face à un dilemme qu’il aurait préféré éviter.

Plutôt que de se voiler la face, Theodore préféra tout dire à celle qui avait partagé sa vie. Peut-être qu’elle le détesterait, qu’elle le maudirait même, mais il ne voulait rien lui cacher. Comme il s’y attendait, cela la blessa. Bien qu’elle agissait comme si de rien n’était, Ted voyait bien à son regard qu’elle était déçue. Qui ne l’aurait pas été à sa place ? Mais même si le shérif n’était pas au final pas coupable, il se sentait comme tel. Et maintenant voilà que Sélèna semblait vouloir le fuir. Bien qu’il ne voulait pas qu’elle parte, il se serait mal vu lui imposer quoi que ce soit d’autre.

Mais avant de partir, la jeune femme sembla reprendre du poil de la bête et avoua tout ce qu’elle pensait à Ted. Tout comme lui, elle l’aimait toujours. Ces années de séparation n’avait pas fait disparaître la passion qui les animait l’un l’autre. La franchise de la jeune femme redonna à Ted un regain d’énergie, de confiance en lui. Aussitôt il se leva et laissa s’exprimer tout l’amour qu’il avait pour elle. Entre eux il n’y avait jamais eu de chichi, ce n’était donc pas le moment de commencer. Au moins, elle lui rendit son étreinte et son baiser, signe qu’elle ne lui en voulait pas. A son tour Ted fut sincère, lui avouant même qu’il l’aimerait toujours. Mais malgré ça, il ne pouvait pas agir comme s’il ne s’était rien passé en deux ans. Cela ne sembla pas déstabiliser Lèna cette fois puisqu’elle lui assura ne pas compter disparaître de sa vie maintenant qu’ils s’étaient retrouvés. Ses paroles lui faisaient chaud au cœur et il se sentait déjà bien moins mal.

Maintenant il était shérif… et son ancienne amante était toujours une criminelle. Par chance, elle n’était pas connue et donc pas recherchée ce qui lui permettait une large marche de manœuvre. Elle ne poserait donc techniquement aucun problème à celui qui représentait la loi à Tumbleweed. Néanmoins, Ted ne voulait pas qu’elle se dévoile trop, se sachant surveillé par le colonel. Quoiqu’il en était, Sélèna ne semblait pas vouloir le quitter, pas une nouvelle fois. Cela arrangeait bien Theodore qui ne désirait pas qu’elle disparaisse encore. Mais que pouvait-il lui permettre de faire ? Bien qu’il la laissa l’embrasser, il essayait de résister à cette irrésistible attirance qu’il avait pour elle. Au moins elle ne lui imposait rien, lui laissant le temps qu’il lui fallait. C’était bien ce dont il avait besoin, du temps…

« Tu ne me causeras aucun problème Lèna, après tout c’est moi qui fait la loi donc si je ferme les yeux, personne ne dira rien. Méfie toi juste si tu vois un gradé de l’armée dans le coin. C’est… mon supérieur. C’est lui qui décide si j’ai encore le droit de vivre ou non alors fais attention à lui. Je sais qu’en toute circonstance je pourrais compter sur toi… et c’est pareil pour moi. Même si ce n’est pas légal, je m’arrangerais pour que personne ne soit au courant. Plus de coups d’éclat, on doit se faire discret… mais quelque part, ça ajoute un peu de piment, non ? Enfin… je ne devrais pas dire ça, j’ai une promesse à tenir après tout… »

Doucement, il caressa la joue de Sélèna. Il avait envie de l’embrasser mais il se retenait. Etait-ce bien sain comme situation ? Il devait voir Irina pour en aviser. Maintenant qu’il était rangé, sa vie avec elle lui était plutôt bénéfique, bien qu’ils ne soient pas un couple… pas encore. D’un autre côté, l’apparition soudaine de Sélèna le divisait. Mais cette vie n’appartenait-elle pas au passé ?

« Je dois t’avouer que je ne sais pas Lèna… Si je m’écoutais, je te laisserais faire ce que tu voudrais mais je crois que ça ne ferait que me faire douter davantage. J’ai besoin de temps pour me poser et réfléchir. Ton retour remet beaucoup de choses en questions. Pas en mal, je te rassure. Ca m’ennuie de te laisser dans l’incertitude… mais je ne veux pas faire semblant ni même te mentir. Le pire serait que je me mente à moi-même… Mais quand bien même je dois penser à tout ça, que ça ne t’empêche pas de venir me voir ou de passer du temps avec moi, d’accord ? »

Sans pouvoir s’en empêcher, il déposa un dernier baiser sur les lèvres de celle qu’il tenait dans ses bras. Puis il la lâcha, retournant vers le lit pour se rhabiller à son tour. Alors qu’il regardait les draps, il ne put s’empêcher de sourire. Quelles retrouvailles… Une fois vêtu, il se tourna vers la jeune femme, la détaillant du regard. Il manquait quelque chose…

« Oh… désolé pour ta chemise. Enfin tu sais comment je suis hein dans le feu de l’action… Tu veux une de mes chemises pour compenser ? » demanda t-il avant de remarquer la robe d’Irina, posée sur une chaise « Oh et au fait, Irina… c’est son nom, habite ici. Je l’héberge depuis qu’elle ne peut plus vivre dans sa maison, c’est pire qu’une ruine. Alors ne t’étonne pas de la voir ici… Là elle travaille. »

Il ne précisa rien de plus, songeur. D’ailleurs, ce travail n’avait rien de sain non plus. Mais s’il lui demandait d’arrêter, cela marquerait le réel début de leur relation de couple. Cruel dilemme…

Lèna n'était pas quelqu'un de prétentieux. Elle connaissait ses forces mais également ses faiblesses. Hors, c'est toujours en prenant ces deux limites en comptes qu'elle évaluait les les choses. Ni trop modeste, ni trop assurée, un mélange de fierté sauvage et de sagesse réfléchie. Un équilibre parfait qui faisait d'elle une personne redoutable dans bien des domaines. Pourtant, lorsqu'elle avait retrouvée Ted, quelques heures plus tôt, pas un seul instant elle n'avait envisagée qu'il ne puisse plus être à sa portée. Qu'il ne soit plus le "siens". Manque de jugement, trop plein de confiance, présomption mal placée qu’importe de quoi il s'agissait, cette certitude infondée l'avait poussée à agir comme si ils ne s'étaient jamais quittés.

Elle l'avait donc embrassé, provoqué, poussé jusqu'à ce qu'il lui cède complètement et s'adonne à elle autant qu'elle s'adonnait à lui. Une symbiose du corps et du cœur pour se dire sans un mots tout ce qu'ils ressentaient. De l'amour, de la joie, la douleur qu'ils avaient ressentit à être loin l'un de l'autre aussi longtemps. Bref, le moment qu'ils partagèrent dans le même lit était intense, fort d'émotion et de désir. Pourtant, lorsqu'ils eurent terminés, Ted fit une révélation à la brune qui lui glaça le sang. Pourtant, elle ne regrettait en rien ce qu'ils venaient de vivre.

Cependant, si Lèna avait toujours une place de choix dans son cœur, elle n'était hélas plus la seule à l'occuper ces derniers temps. Une autre femme avait réussie à commencer à y creuser son nid. C'était tout simplement insupportable à entendre pour la jeune armurier. Elle avait donc tentée de fuir, refusant de faire face, mais c'était finalement ravisée. A défaut de fuir, elle avait dévoilée ses sentiments à l'homme. Et, alors qu'il s'était levé pour la prendre dans ses bras, elle décida de faire voler en éclat le moindre doute qu'il pouvait avoir sur ses intentions. Oui elle l'aimait toujours, non elle ne comptait pas partir qu'importe la décision qu'il prendrait au sujet de ce doublon amoureux et non elle n'avait pas peur d'être près de lui, malgré son nouveau statut de Shérif et tout ce que cela entraînait. Elle alla même jusqu'à le taquiner avec ça, histoire de détendre l'atmosphère.

" Ton supérieur hein ? Plutôt que le fuir je crois que je vais plutôt m’intéresser à lui vu ce que tu m'en dit. Mais oui, promis je serai discrète, là dessus comme sur tout. Je n'ai pas envie de te mettre dans une situation épineuse, comme je n'ai pas envie de voir mon portrait décorer la ville. Et puis, si ta promesse te tiraille trop, on pourra peut-être te trouver un ou deux trucs à faire, rien de bien méchant mais de quoi te dégourdir les doigts. "

Elle frotta un peu sa joue contre la main de Ted, apposant la sienne au dessus.

" D'accord Ted. Je vais donc me tenir le temps que tu y vois plus clair. Et bien sûr que je compte te voir ! Je ne t'aime pas que pour tes étreintes tu sais, passer du temps avec toi me fera plaisir, vraiment. Je serai patiente, tu sais que je peux l'être dans certain situation vraiment importante mais ne te met pas mal à l'aise pour ça. Je préfère ta franchise à un mensonge, parce c'est comme ça que je te connais et que tu m'est cher. "

Elle répondit au baiser avec tout l'amour qu'elle ressentait pour lui, après tout elle ne savait pas si cela n'allait pas être le dernier. Puis, elle le suivit du regard jusqu'au lit. Il était tellement beau, tellement attirant, cela allait être une épreuve de se tenir sage.

" Je ne dis pas non à une de tes chemises, je ne voudrai pas m'attirer des ennuis parce que j'ai un sein qui s'enfuit de mon corset. Et puis, au moins, la tienne ne sera pas ensanglantée. Ça aurait fait mauvaise impression si j'avais gardée la mienne. "

Lèna suivit le regard de Ted jusqu'à la robe d'Irina et réprima un frisson. Entre savoir qu'il avait une femme dans sa vie et voir des choses lui appartenant dans sa maison était deux choses différentes. Heureusement, ce n'était qu'un bout de tissu et non sa propriétaire qui lui faisait face.

" C'est... très gentil de ta part de l'héberger. Ceci dit, je doute la rencontrer ici. Comme tu l'a dis, tu es surveillé et nous devons être discret. Je n'ai pas envie que ton supérieur s’intéresse à moi si il me voit traîner dans le coin. Si il soulève les bonnes pierres il pourrait apprendre des choses qui ne lui donnerait que plus d'emprise sur toi. Et ça, c'est hors de question. Je vais donc éviter de rencontrer ici, juste au dessus de ton bureau de Shérif. "

La jeune femme ne posa aucune question sur Irina. Savoir son nom était déjà bien assez, elle n'avait pas envie d'en connaitre davantage. Retirant son corset, se trouvant torse nu, elle attendit que Ted lui passe une chemise afin de l'enfiler. Avec ça, elle l'aurait en quelque sorte avec elle encore un peu. Puis, elle replaça le corset au dessus et se tourna vers l'homme en écartant les bras.

" Alors ? Ça me va bien ? "

En réalité, elle se moquait pas mal de son apparence. Ceci dit, elle n'avait jamais craché sur le fait de plaire à Théodore.

Une fois prête, elle s'assura que toutes ses armes étaient à leur place, se gratta un peu de sang séché resté sous son menton, avant de reprendre la parole.

" Je vais donc chez l’apothicaire, tu peux me dire vers où il se trouve ? J'aimerai lui acheter quelques trucs. Tu sais, comme on sait pas si je peux enfanter ou non, vaut mieux être prudent. Et puis, vu que je n'ai pas vraiment eut de relation charnelle ces derniers temps, il ne me reste absolument plus rien à prendre contre ça. Enfin bref, je te proposerai bien de venir avec moi mais tu a sans doute à faire ? Au pire on peut se retrouver plus tard ? "

Bien que tout ce qu’il disait était la vérité, Ted essayait de se mettre à la place de Sélèna. Si elle lui avait dit après ce qu’ils venaient de partager, qu’il n’était plus le seul à occuper son cœur, il l’aurait sans doute mal pris. Oui, il aurait été dans le même état qu’elle. Mais aurait-il réussi à faire ainsi volte-face malgré tout ? Il savait que Sélèna était une femme forte, une battante. Jamais il ne l’avait vue abandonner et là elle le lui prouvait encore une fois. Et lui, qu’aurait-il fait ? Difficile à dire… Il ne voulait pas blesser celle qui avait longtemps été la femme de sa vie. Elle l’était toujours encore d’ailleurs. Mais la situation était des plus compliquées.

Bien qu’il l’expliquait à Sélèna, cette dernière semblait voir des solutions partout. Mais quelles solutions… Elle ne devait pas se rendre bien compte à quel poing il avait les mains liées. Elle ne craignait pas de mettre son nez partout dans le but de l’aider et de le soulager à tenir sa promesse… sans pour autant renier celui qu’il était. Difficile de faire sans mélange sans faire d’étincelles…

« Il ne m’aime pas, je crois que s’il avait pu, il m’aurait pendu depuis longtemps. Je déteste cette loi qui protège les criminels car du coup je ne peux rien faire. D’un autre côté, elle tombe bien… » fit-il en lui caressant la joue « Mais ça ne change rien au fait que jamais je ne serais une menace pour toi. Mais… puisque tu es là… Que dirais-tu qu’on travaille à nouveau ensemble ? Plus trop comme avant mais… tu pourrais m’aider à peaufiner ma dynamite même si j’ai assez peu l’occasion de m’en servir. Ou alors trouver quelque chose de plus… précis. »

Même s’il préférait qu’ils restent sages, Ted embrassa une dernière fois Sélèna sans lui cacher ce qu’il ressentait pour elle. A quoi bon se voiler la face ? Il la quitta enfin pour aller se rhabiller complètement, ramassant même ses armes qui ne lui servaient pas à grand chose au final. Alors qu’il nouait son foulard rouge autour de son cou, il posa les yeux sur les pendentifs de la jeune femme. Tous deux possédaient toujours un souvenir de l’autre. Ce foulard, c’était elle qui le lui avait offert et il ne l’avait plus jamais quitté depuis.

Mais si Ted était habillé, Sélèna elle ne l’était qu’en partie, sa chemise ayant connu un sort malheureux. Il lui proposa donc l’une des siennes. Elle serait assurément plus grande mais c’était mieux que rien. Et comme elle le disait, elle ne serait pas tâchée de sang. Il ne fallait pas oublier qu’elle avait été blessée juste avant leur rencontre.

« Je ne voudrais pas que l’on te prenne pour l’une des filles de la maison close… même s’il y a peu de chance. Tu vas mieux au fait ? Si j’avais su que c’était à toi qu’ils s’en prenaient… je les aurais tous tué jusqu’au dernier, ces fils de chienne… »

Ces mots pouvaient surprendre Sélèna puisqu’elle était bien placée pour savoir qu’il n’avait jamais tué personne. Enfin, elle ignorait qu’il avait tué quelqu’un entre temps. C’était d’ailleurs tout un record d’arriver à tout détruire à la dynamite sans jamais embarquer une personne dans l’explosion. Il en était assez fier. Mais à présent les choses avaient changé. Il avait changé.

Ted expliqua ensuite qu’Irina vivait avec lui pour que Sélèna n’ait jamais de mauvaise surprise. Cela ne sembla pas lui plaire mais au moins elle était désormais au courant. Comme elle le disait, mieux valait que de toute façon elle évite de revenir ici. Il se souvenait le jour où le colonel était venu ici à l’improviste… découvrant Irina qui n’avait en toute logique rien à faire là. Il l’avait donc faite passer pour sa femme et les choses s’étaient tout de suite mieux déroulées.

« J’essaie de prendre soin de mes citoyens du mieux que je le peux… Mais tu as raison, mieux vaut éviter de revenir trop souvent ici. Après tout, la ville est grande, on peut bien aller ailleurs. Et rien ne t’oblige à rencontrer Irina, je n’ai pas envie de t’imposer ce genre de choses. »

Alors qu’il tendait une chemise propre à Sélèna, Theodore resta tourné vers elle pour la regarder la vêtir. Cette femme était vraiment très belle mais il n’y avait pas que ça. Lorsqu’il la voyait, il ne voyait pas qu’un corps, il voyait beaucoup plus. Pour ne pas être tenté de l’embrasser à nouveau, il détourna le regard un instant, ne le reposant sur elle que lorsqu’elle le lui demanda.

« C’est un peu grand mais je m’y attendais. Mais tu es belle, oui. Je suis surpris qu’il n’y ait pas plus d’hommes qui te tournent autour… Enfin remarque, tu avais déjà ton petit fan club tout à l’heure. » fit-il avec un clin d’œil pour plaisanter

Voyant qu’il lui restait un peu de sang au niveau du visage, Ted se dirigea vers un petit récipient qui contenait de l’eau, attrapa un linge propre puis le mouilla avant de revenir vers elle. D’un geste doux mais ferme, il frotta le sang qui décorait encore sa peau jusqu’à ce qu’il n’y ait plus rien. Sélèna profita de ce moment pour lui dire qu’elle devait aller chez l’apothicaire. Lorsqu’elle lui rappela qu’elle ne savait pas si elle pouvait avoir d’enfant, le shérif baissa les yeux vers son ventre. Ca, il le savait bien. Il était au courant des sévices qu’elle avait subi, plus jeune. Et à cause de ça, il avait toujours été délicat et doux avec elle, ne la brusquant jamais. Ted se demanda un instant si, si elle était tombée enceinte plus tôt, aurait-il voulu d’un enfant ? La vie qu’ils menaient n’avait rien d’un conte de fée alors pour élever un enfant… Mieux valait une situation stable. Ce n’était pas plus mal qu’il n’en ait jamais eu. Il fallait dire que Sélèna faisait toujours en sorte de ne pas en avoir.

« Je sais, oui. Tu nous imagines, parents et criminels ? Rude vie qu’il aurait eu c’gamin… Enfin, je vais t’accompagner oui. Je dois de toute façon aller faire ma visite aux commerçants alors autant en profiter pour te tenir encore un peu compagnie. Allons-y, je t’amène à lui. »

Là encore, il aurait pu demander à Lola, tout simplement. Mais il ne voulait pas présenter une autre fille à Sélèna pour le moment même s’il lui en avait déjà parlé. L’apothicaire du coin ferait parfaitement l’affaire. Reposant le linge humide sur le meuble, il ouvrit la porte puis descendit à l’étage en compagnie de la jeune femme. Marchant sans se presser, il prit la direction du magasin de l’apothicaire.

Sélèna avait toujours adorée emmerder les hommes de lois. Leur créer des problèmes c'était un peu son passe temps favoris. Bien sûr, toujours loin de l'avant de la scène, trop maline pour s'exposer directement à une éventuelle riposte. Pourtant, la dernière chose qu'elle souhaitait, c'était en faire à Theodore et ce malgré son nouveau statut de Shérif. Il était différent des autres chiens du gouvernement. Il était son ami, non, son amour, et jamais elle n'aurait été capable de lui nuire d'une quelconque façon. Ce n'était pas la même histoire pour le supérieur de ce dernier. Puisqu'il semblait malmener l'homme à qui appartenait son cœur, il allait sans doute devoir en payer le prix.

L'idée ne semblait pas plaire au nouveau Shérif. Il ne voulait qu'elle se mette en danger. Mais d'un autre côté, il savait qu'il ne pourrait pas l’empêcher de faire ce dont elle avait envie. Au moins, il lui assurait ne pas avoir à se méfier de lui, qu'il serait capable de détourner la tête au moment où ça l'arrangerait. Même du "bon" côté de la loi, il lui restait fidèle. Mais ça, elle n'en avait pas douté un instant.

Ce qui l'étonna davantage fut la proposition que Ted lui fit. Il voulait qu'ils retravaillent ensembles. Ou plutôt, qu'elle retravaille pour lui, l'invitant à être celle qui prend en charge son armement. Rien ne pouvait faire plus plaisir à l'armurier, d'autant qu'elle avait déjà sa petite idée sur la question.

" Je sais que je peux te faire confiance. Pas de coup d'éclat, que des petits coups tellement discret qu'il n'y aura rien à redire au Shérif qui ne les décéléra pas. Je serai ravie de t'aider Ted, j'ai jamais vue un homme manier la dynamite aussi bien que toi et quand tu l'a en main je dois reconnaître que ça te rend très sexy. Rien que pour profiter du spectacle je vais m'atteler à te faire quelque chose d'explosif ! Et puis, pour quelque chose de plus léger, j'ai déjà un truc en projet depuis pas mal de temps, projet qui était mis en suspend avec ta présumé mort mais maintenant je pense qu'il peut reprendre. Si tu es sage, tu aura un nouveau jouet très vite. "

Alors que Ted nouait à son cou un foulard que Sélèna connait bien, elle se surprit à sourire tendrement. Si elle n'avait jamais pu se séparer du pendentif qu'il lui avait offert, lui n'avait pas jeté le bout de tissu qu'elle lui avait donné. Quelque part, ni l'un ni l'autre n'avait accepté de tirer un trait sur l'être aimé et ce malgré sa "mort".

Pourtant, son sourire fut de courte durée, se muant en moue perplexe lorsque l'homme reprit la parole. Elle ne l'avait jamais entendu parler de tuer qui que ce soit. Ça avait toujours été hors de question, qu'importe la situation. Un peu troublée par les propos de Ted, elle préféra ne rien dire pour l'instant, concentrant sa réponse sur le début de sa phrase.

" Chéri, le jour où je porterai une robe qui montre la moitié de mon derrière, on pourra me prendre pour une prostituée. En attendant, seins à l'air ou pas je doute que çà arrive. Je suis plus armée qu'un gang de trafiquant ! "

Puis, Ted avait confié à la brune que celle qui lui faisait chavirer le cœur avait pris ses quartiers dans sa chambre. C'était sois disant pour lui offrir un abris durant les travaux de sa maison, mais Sélèna savait qu'il y avait plus que cela. Et elle ne voulait surtout pas en apprendre davantage.

"Effectivement, je n'ai pas tellement envie de la rencontrer. Du moins, pour le moment. Nous n'aurons qu'à définir un endroit pour nous retrouver. Loin d'elle mais surtout loin de ton supérieur. "

Par la suite, Ted lui avait prêté une chemise afin de remplacer la sienne, quelque peu malmenée ces dernières heures. Lèna l'avait enfilée avant de s’enquérir du résultat visuel que cela donnait. L'homme approuva la tenue avant de plaisanter au sujet de son "fan club".

" Pffff, je comprend mieux pourquoi tu leur a cassés la tête. Jaloux va. Et je n'ai jamais dis que je n'avais pas d'hommes qui me tournaient autour. Ils ne m’intéressent juste pas, nuance. "

Sélèna rappela ensuite qu'elle devait se rendre chez l'apothicaire. Après ce qu'ils venaient de faire, mieux valait se pré-mouvoir d'herbe contraceptive afin d'éviter les accidents. Pourtant, lorsque Ted souleva le fait qu'ils n'aient jamais eut d'enfant, le cœur de Lèna se serra. Elle en avait toujours eut envie, surtout avec lui, mais elle ne savait pas si ça lui était possible. Et puis leur vie passée ne leurs avaient jamais permis de faire un tel pas vers la stabilité. Ils avaient donc agis de la manière la plus intelligente possible en n'envisageant pas de fonder une famille. Mais malgré tout, la brune en gardait une sorte de regret amer.

Chassant toutes mornes pensées de son esprit, l'armurier se concentra sur la situation présente. Ted acceptait de l'accompagner chez l'apothicaire, ce qui l'arrangeait bien vu qu'elle n'avait pas la moindre idée de l'endroit où il se trouvait. Lui emboîtant donc le pas, elle prit la direction de la boutique ou elle pourrait acheter de quoi étouffer tout infime espoir de voir grandir en elle le fruit de leur amour.

( Rp terminé, mais avec suite ailleurs. )

» Déjà vu. (Ted / Lèna)
» La belle et le sauvage. ( Lèna - Kowé )