Erreur quasi-fatale [PV Theodore]

Depuis plusieurs jours, Theodore passait une partie de la nuit dehors. Il avait décalé les horaires de ses visites auprès des commerçants afin de pouvoir avoir un minimum de repos tout de même. Si désormais il patrouillait aussi la nuit, c’était parce qu’il avait pu constater que c’était surtout à ce moment là que les choses tournaient mal. Récemment, il y avait eu plusieurs meurtres. Jusque là, rien d’anormal. Mais le shérif supposait qu’il s’agissait du même tueur à chaque fois. En effet, les victimes avaient toutes été tuées avec une précision qui faisait froid dans le dos. De plus, ils avaient tous été détroussés à chaque fois. Sans doute un vulgaire voleur qui ne s’encombrait pas de la vie des autres. Mais si Theodore ne voulait pas que les gens commencent à fuir sa ville parce qu’ils n’étaient pas en sécurité, il devait faire quelque chose.

Seul, il lui était difficile d’écumer toute la ville, d’être partout à la fois. De plus, la pénombre n’arrangeait rien. Il y avait bien quelques lanternes qui éclairaient surtout la partie principale de la ville mais cela rendait tout de même toute observation plus compliquée qu’en journée. Néanmoins, la nuit avait un avantage. Tout était beaucoup plus silencieux si l’on ne s’approchait pas trop du saloon. Ainsi, Ted pouvait plus facilement localiser les bruits et les voix s’il y en avait. Puisque les meurtres étaient fait à l’aide d’une arme à feu, il serait facile de repérer le bruit d’un tir. Ce n’était pas vraiment discret…

Cela faisait maintenant un moment que la nuit était tombée et pour le moment, tout était calme. Ted se demandait s’il ne ferait pas mieux de laisser tomber pour cette nuit. Evidemment, pile au moment où il pensait ça, le coup de feu se produisit. Il pouvait très bien s’agir du tueur comme de quelqu’un d’autre. Il n’était pas rare qu’il y ait des règlements de compte à la sortie du saloon, l’alcool aidant les esprits déjà échauffés. Toutefois, le bruit ne venait pas de cette direction. Pressant le pas, le shérif se dépêcha de rejoindre les lieux. S’il ne se trompait pas, cela venait d’une petite rue un peu reculée.

Lorsqu’il atteignit enfin la ruelle, il remarqua deux formes indistinctes. Il faisait trop sombre pour qu’il voit exactement ce qu’il se passait. Ses yeux s’étaient un peu habitués à l’obscurité et il reconnu tout de même un corps allongé sur le sol. Il y avait une autre personne à ses côtés mais Ted ignorait ce qu’elle faisait. Elle lui portait secours ? Elle était la responsable du coup de feu ? Ignorant à quoi il avait affaire, le shérif préféra tout de suite stopper ce qu’il se passait et avertir de sa présence. Attrapant son arme à feu, il la conserva en main, plus comme arme de dissuasion, comme menace, que pour réellement tirer avec.

« Hé ! »

Mais il n’eut pas tellement le temps de dire quelque chose de plus. Un nouveau coup de feu se fit entendre et Theodore ressentit alors une forte douleur juste en dessous de l’épaule droite qui lui fit lâcher son arme à feu. En voyant la silhouette bouger, il avait eu le réflexe de bouger aussi. C’était peut-être ce qui lui avait sauvé la vie. Au moins il n’y avait plus aucun doute sur l’identité de la seconde personne : c’était bien l’assassin. Tandis qu’il s’enfuyait, Theodore se laissa tomber contre le mur à sa gauche, y prenant appui. La balle n’était pas ressortie, bloquée à l’intérieur de son corps. Par chance, aucun organe vital n’était touché mais il saignait beaucoup.  

« Merde… » marmonna t-il entre ses dents

Quel fiasco. Le tueur s’était échappé et en prime, il avait failli se faire descendre. Il avait été imprudent. Plutôt que de courir après cette ombre, Ted laissa tomber. Il ne pouvait rien faire dans son état. Ramassant son arme de sa main gauche, il rangea son arme à feu et s’approcha du cadavre. Encore du travail pour le croquemort… Ne pouvant se servir de son bras droit pour le moment, Ted abandonna l’idée de déplacer le cadavre. Tant pis pour lui, il resterait là jusqu’au lendemain.

La douleur, bien qu’atroce, était supportable. Par le passé, Theodore avait déjà eu l’occasion de prendre une balle. Il était rare qu’il se blesse ou soit blessé par quelqu’un. Même depuis qu’il était shérif, il avait toujours plutôt bien tiré son épingle du jeu, évitant une morte certaine plusieurs fois. Mais là, il réalisait qu’il pouvait mourir n’importe quand. S’il n’était d’ailleurs pas mort ce soir, c’était uniquement de la chance. A l’avenir, il devrait se montrer plus prudent.

Sa blessure devait être soignée, la balle retirée. Il hésita à se rendre chez le médecin mais il savait qu’à cette heure là, il était rentré chez lui depuis belle lurette. Tant pis. Comme par le passé, il le ferait lui-même. Enfin, ce n’était pas tout à fait vrai. Sélèna l’avait aidé à l’époque. Cette fois, c’était différent. Il hésita cependant à retourner chez lui. Il ne voulait pas réveiller et inquiéter Irina qui dormait sans doute. Mais il avait besoin de son matériel de soin au plus vite avant qu’il ne se vide de son sang. Tant pis, il n’avait pas le choix, il ne désirait pas que quiconque apprenne qu’il était blessé.

Se dirigeant lentement vers chez lui, il constata qu’à l’étage, la lumière était allumée. Irina ne dormait donc pas.. Voilà qui ne l’arrangeait pas. Mais tant pis, elle l’aiderait sans aucun doute à extraire à la balle. Si elle était trop profondément enfoncée, il ne parviendrait pas à la retirer tout seul. Arrivé devant le bureau, il hésita cependant à entrer. Qu’allait-il dire ? La vérité ? Il n’avait rien à lui cacher de tout façon. Et puis il ne pouvait pas rester dans cet état…

Entrant finalement, il releva le bras contre lui pour éviter de mettre du sang partout. A peine fut-il entré qu’il entendit la voix d’Irina. Elle se demandait si c’était lui. Qui d’autre ? Craignait-elle une autre présence que la sienne, la nuit tombée ?

« Oui… c’est moi… »

Sans un mot de plus, il monta les marches doucement, se tenant l’épaule. Il ne voulait pas effrayer Irina mais il ne pouvait pas lui cacher sa blessure non plus. Arrivé à sa hauteur, il lui fit un léger sourire, bien que crispé à cause de la douleur.

« J’ai eu un petit problème… Tu veux bien m’aider ? La balle est coincée, je dois la retirer… »

Retirant sa main, il dévoila ses vêtements tâchés de sang autour de l’impact de la balle. Plutôt que de rester planté près des escaliers, il entra dans la chambre et, avec l’aide d’Irina, il retira veston et chemise. Ils étaient bons à jeter désormais… La balle s’était logée sous l’épaule, presque au niveau opposé du cœur. Ted se servait de la chemise qu’il avait retiré pour éponger le sang et éviter d’en coller partout. Ce qu’il craignait le plus était l’infection. Car placée à cet endroit, la blessure pourrait être plus grave qu’il ne l’avait d’abord songé. Il fallait agir rapidement.

« J’ai une pince dans le tiroir gauche de la cuisine… Ca fera l’affaire… »

Il attendit qu’Irina la lui apporte, fermant les yeux. Il sentait ses forces le quitter petit à petit en même temps que le sang qui quittait son corps. Une fois la balle extraite, il saignerait d’autant plus. Ted espérait alors qu’Irina pourrait lui faire un bandage de fortune afin de stopper l’hémorragie. Il ne s’était pas fait tuer dans cette ruelle et il ne désirait pas que cela arrive après coup.

Après avoir longuement pesé le pour et le contre, Theodore décida finalement de rentrer chez lui. Il avait besoin d’être soigné et ne pouvait pas rester dans cet état toute la nuit. De plus, Irina risquait de s’inquiéter s’il ne rentrait pas. Cependant, il ne voulait pas l’effrayer à cause de sa blessure. Mais il n’avait pas tellement le choix…

Ainsi, lorsqu’il rentra finalement à son bureau, il se pinça légèrement les lèvres en voyant la réaction de la jeune femme. Elle semblait choquée de le voir ainsi blessé, restant interdite un moment en le voyant. En fait, il se demandait s’il ne ferait pas mieux de rester dans son coin le temps de se soigner, afin de ne pas lui infliger une telle vision. Face à elle, il ne voulait pas avoir l’air faible ou diminué, il gardait la tête haute malgré tout. Afin de la rassurer et de lui montrer que ce n’était pas une blessure grave, il lui fit un sourire. Irina disait qu’elle allait s’occuper de lui. Ca il n’en doutait pas, elle le faisait toujours. Mais là c’était différent. Pourtant, elle ne recula pas.

« Disons que j’ai trouvé le tueur que je cherche depuis un petit moment… et que j’ai failli être l’une de ses victimes à mon tour à cause de mon imprudence… »

Theodore ne voulait plus voir cet air inquiet imprimé sur le visage d’Irina. Il désirait vraiment se débarrasser de cette blessure au plus vite afin qu’elle retrouve son sourire et qu’elle ne semble plus si paniquée. Il espérait que malgré tout, elle soit en mesure de l’aider et que ses gestes ne trahissent pas son inquiétude. Lui demandant d’aller chercher une pince pour extraire la balle, il savait que ce serait elle qui s’en chargerait. Et si elle faisait n’importe quoi par crainte de lui faire davantage mal, elle risquait d’aggraver sa blessure.

Débarrassé de ses vêtements troués et tâchés, Theodore prit une grande inspiration en voyant Irina revenir avec les pinces. Ca n’allait pas être une partie de plaisir mais il n’avait pas le choix. N’étant pas médecin, il n’avait pas tellement de conseils à lui donner. Jusqu’à présent, elle s’était toujours occupée de lui avec attention et il ne doutait donc pas qu’elle ferait attention à ses gestes.

« Une fois extraite, ça risque de beaucoup saigner… » prévint-il pour qu’elle ne soit pas surprise

Pour le moment, la balle évitait que trop de sang ne coule mais une fois retirée, plus rien n’empêcherait l’hémorragie. Sentant les pinces à l’intérieur de sa chair, Theodore serra les dents. Ce n’était pas vraiment agréable. Mais en quelques secondes, la balle fut retirée, extraite de son corps. En fait, le shérif ne sentait pas une grande différence entre avant et après. Sauf que maintenant, il saignait davantage, saignement vite stoppé par les réflexes d’Irina, comprimant la plaie comme elle le pouvait à l’aide d’un bandage. Elle vérifia son écoulement puis mit la main de Theodore dessus afin qu’il prenne le relai. Il appuya aussi fort qu’il le pouvait, se disant qu’il fallait sans doute mieux qu’il s’allonge car dans cette position le sang coulerait moins facilement.

Cependant, il ne pouvait pas simplement rester ainsi. Même s’il n’y avait plus de balle, la plaie avait besoin d’être désinfectée et bandée. Seul problème, Theodore n’avait rien sous la main pour la première étape. Il allait devoir attendre le médecin le lendemain matin… Mais Irina semblait avoir une idée. Se levant, elle revint avec une bouteille d’alcool. Ce n’était pas tellement le moment, Ted n’avait pas envie de boire, juste de se reposer. Mais en la voyant s’asseoir à côté de lui, il comprit ce qu’elle comptait faire. C’était une bonne idée mais ça allait être très douloureux pour lui. Tournant la tête vers elle, il lui offrit un léger sourire.

« Je sais, j’ai confiance en toi. »

Il retira sa main et la laissa le désinfecter. La douleur fut si vive que ses mains se crispèrent sur le matelas sur lequel il était assis. Il serrait les dents pour qu’aucun son ne s’échappe de sa bouche, espérant que tout ça serait bientôt terminé. Irina se mit à chanter. Ted en fut si surpris qu’il se détendit un peu, l’écoutant. Il se calma un peu et poussa un léger soupir lorsque tout fut terminé. A présent, son épaule et une partie de son torse étaient bandés, empêchant le sang de se répandre et la plaie de prendre l’air.

« Non, juste de repos… et de toi. »

Il n’avait besoin de rien d’autre mais Irina se leva pour aller lui chercher un verre d’eau malgré tout. Il ne chipota pas, pas mécontent de pouvoir se désaltérer. Verre vidé, il soupira à nouveau, repensant aux évènements. Comment avait-il pu être aussi stupide ? Il n’avait même pas été capable d’appréhender celui qu’il recherchait. A présent, il allait encore tuer en toute impunité. Le pire était qu’à cause de sa blessure, il ne pourrait pas faire grand chose pendant plusieurs jours. Il n’avait personne pour l’aider. Theodore pesta entre ses dents, se levant pour faire les cents pas.

« C’est frustrant tu sais… tellement frustrant. Il était là le salopard… Juste sous mes yeux ! Il a déjà tué trop de monde ! Je le tenais enfin et… je l’ai laissé filé… Je suis un incapable… » fit-il en baissant la tête après avoir donné un coup dans le mur « Tu crois que je suis un mauvais shérif… ? »

Irina lui proposa de se reposer. C’était sans doute ce qu’il y avait de mieux à faire pour le moment. S’agiter n’allait pas arranger les choses de toute façon. Theodore se dirigea vers le lit, retira ses bottes, son ceinturon et son pantalon qu’il déposa sur une chaise. Il s’allongea ensuite, déposant sa tête sur les genoux de la jeune femme qui était restée assise sur le lit. Il leva les yeux vers elle.

« Merci de t’être occupée de moi Irina… Excuse-moi de t’avoir laissée seule… mais je voulais vraiment le coincer… Pour que plus personne ne craigne rien. Pour que tu ne craignes rien… »

Il leva la main pour lui caresser la joue puis reposa son bras près de son corps. Il ignorait si c’était la perte de sang ou quoi mais il était épuisé. Le lendemain, il fallait absolument qu’il consulte le médecin pour savoir pour combien de temps il en avait. Pour l’heure, il ferma les yeux, la tête bien callée sur les jambes d’Irina. Là, il était bien.

Ted avait déjà été blessé à de nombreuses reprises et de nombreuses façons différentes. Mais là, plus que son épaule, c’était son égo qui en avait pris un coup. Lui qui mettait un point d’honneur à s’occuper de cette ville se sentait soudainement inutile. Il n’avait même pas été capable d’appréhender un assassin non loin de lui. Qu’aurait-il fait de toute façon ? Même armé, il n’aurait pu le toucher. Le criminel par contre, n’avait pas loupé son coup. Quoique… il était encore vivant. La pénombre lui avait sauvé la vie.

Mais une blessure à l’épaule pouvait vite se dégradée si elle n’était pas soignée à temps. Et là, impossible d’amputer en cas de problème… Par chance, Irina était là pour l’aider et pour panser la plaie. Le traitement n’avait rien d’agréable mais Theodore savait qu’il n’avait pas le choix. Il lui faisait confiance et se laissa faire, se concentrant sur sa voix lorsqu’elle se mit à chanter. Heureusement qu’il avait cette femme dans sa vie… En fin de compte, il avait juste besoin qu’elle soit là, qu’elle reste avec lui le temps de sa guérison. Le reste l’importait peu.

« Jamais autant choyé ? Tu le fais pourtant déjà tous les jours Irina… »

Puisqu’elle lui rapporta un verre d’eau, il le but sans discuter. Mais plutôt que de s’allonger pour se reposer, il se leva, faisant les cent pas. C’était comme s’il avait encore beaucoup d’énergie à dépenser, comme si toute la frustration qu’il ressentait lui donnait la force de bouger encore de cette façon. A vrai dire, il était en colère contre lui-même. Il n’avait pas été fichu d’attraper le criminel et en plus il était blessé. Si un jour il lui mettait la main dessus…

De rage, il donna un coup dans le mur. Il avait besoin d’évacuer sa colère. Irina s’approcha de lui et posa sa main sur sa joue. Cela eut pour effet de calmer aussitôt Theodore. Seulement, maintenant qu’il était calme, il réalisait à quel point il n’était pas fait pour ce travail. Il doutait de lui et en fit par à la jeune femme. Son avis comptait pour lui et il voulait savoir ce qu’elle en pensait. Comme il s’y attendait, elle ne le blâmait pas, faisant même l’inverse. Elle l’idéalisait sans doute trop… mais cela lui redonnait un peu confiance en lui. Mieux encore, elle mettait certaines questions en avant. A vrai dire, le shérif n’y avait pas tellement réfléchi jusqu’à présent mais c’était pertinent. Mais ce qui toucha le plus Theodore, ce fut sa déclaration d’affection à la fin.

« Je fais ce que je peux oui, mais ça ne suffit pas… Si je laisse les assassins parcourir la ville sans être inquiété alors je ne suis pas un bon shérif… Je ne peux pas laisser une telle chose se dérouler dans ma ville. J’ignore pourquoi il tue ces gens… Les tueurs n’ont pas besoin d’une raison généralement, ils aiment ça, c’est tout… Et en danger, je le suis, tout le monde l’est tant qu’il restera en ville. S’il croit s’être débarrassé de moi il se trompe ! Je le traquerais ! Je le trouverais ! Et il paiera pour ce qu’il a fait !! » assura t-il en levant le poing avant de se calmer « Mon métier est dangereux Irina… N’importe qui peut se faire tuer n’importe quand, la preuve… mais je ne laisserais rien de mal t’arriver. »

Mais pour l’heure, il devait surtout se reposer. Retirant ses vêtements, il rejoignit le lit où était assise Irina. Plutôt que de s’allonger pour dormir, il positionna sa tête sur les genoux de la jeune femme. Il aimait sentir ses doigts dans ses cheveux, sa main caresser sa tête. Cela l’apaisait. Fermant les yeux, il essayait pourtant de rester éveillé un maximum afin de ne pas lui fausser compagnie tout de suite même s’il ferait mieux de dormir.

Il la remerciait et s’excusait à la fois. Elle faisait tant de choses pour lui… et il n’était même pas capable de le lui rendre, que ce soit par sa présence ou juste pour la protéger. Mais Irina ne semblait pas lui en tenir rigueur. Elle lui assura même qu’elle était en bonne voie pour pouvoir, à son tour, veiller sur lui, prenant à cœur ses cours de tir. Theodore fit un léger sourire. Fier, il l’était déjà.

« Je ne doute pas de tes talents ou de ta motivation. Il faudra que tu me montres ça… Mais malgré tout, je serais toujours là pour veiller sur toi. »

Il sourit un peu plus lorsqu’il sentit ses lèvres contre son front. Peu après, il dormait déjà. La perte de sang et la fatigue cumulés ne l’aidaient pas à rester éveillé. Il ne broncha même pas lorsqu’Irina se dégagea pour s’allonger et dormir à son tour. La nuit fut longue et sans rêves. Pas une seule fois Theodore ne se réveilla, dormant profondément bien que son épaule le brûlait. Il s’agita un peu mais se stoppait à chaque fois rapidement, sa blessure lui faisant comme une piqure de rappel à chaque fois qu’il osait remuer.

Ce ne fut que le lendemain matin, lorsqu’il sentit des lèvres se poser sur les siennes qu’il se réveilla. Ouvrant les yeux, il aperçu Irina penchée au dessus de lui. Theodore lui fit un léger sourire, se demandant combien de temps il avait dormi et quelle heure il était. Aujourd’hui, il allait devoir se rendre chez le médecin mais il craignait un peu le diagnostic.

« Bonjour Irina… »

Theodore se redressa lentement, veillant à ne pas trop forcer sur son épaule. Il constata alors que ses vêtements l’attendaient à côté du lit, ainsi que ses bottes. En fait, tout était parfaitement rangé. Plus rien de la veille ne trainait. C’était comme s’il ne s’était rien passé. Ted baissa la tête vers son torse et constata que le bandage était légèrement teinté de sang. Il avait encore dû en perdre mais à présent, cela avait dû cesser. Néanmoins, il fallait changer le bandage. Cela attendrait la visite chez le médecin.

Se levant, le shérif attrapa ses vêtements et les enfila comme il put. Irina le prévint alors qu’un déjeuner l’attendait. Theodore hocha la tête avec un léger sourire puis termina d’enfiler son pantalon et ses bottes. Le reste attendrait. Il se dirigea vers la cuisine et vint s’asseoir à table à côté d’Irina. Sur la table, une assiette remplie se dressait face à lui. Il ne pouvait pas dire qu’il n’était pas gâté, c’était un sacré petit déjeuner. Il avait besoin de reprendre des forces et s’empara de la fourchette pour manger avec appétit.

Le repas terminé, il remercia Irina puis retourna à la chambre. Revenant avec la chemise à la main il lui demanda de l’aider à l’enfiler. Il ne pouvait pas y parvenir tout seul sans forcer sur sa blessure. Mieux valait qu’il se ménage. Une fois complètement habillé, il descendit les escaliers et sortit en compagnie d’Irina, à son bras. Il n’avait pas mis son veston, portant une simple chemise. C’était inutile de trop se vêtir pour devoir ensuite se déshabiller une fois chez le médecin.

Une fois sur place, Theodore expliqua rapidement les faits et laissa le médecin examiner la plaie une fois les bandages souillés retirés. Il grimaça lorsque l’homme toucha la plaie mais se laissa faire, n’ayant pas trop le choix. Le médecin lui appliqua un baume réparateur, le recousu puis pansa à nouveau la blessure.

« Les nerfs n’ont pas été touchés, vous ne garderez pas de séquelles. Par contre, interdiction de vous servir de votre bras pendant une semaine. Ménagez-vous shérif, reposez-vous un maximum. »
« Merci docteur. »

Theodore le paya puis sortit en compagnie d’Irina. Il marmonnait encore ses dents. Une semaine ? Pas question d’attendre aussi longtemps ! Il ne pouvait pas laisser la ville sans surveillance aussi longtemps. Il lui fallait réellement un adjoint au plus vite… Marchand, Theodore restait silencieux puis finalement, il s’arrêta, se tournant vers Irina.

« Je te ramène à la maison ? Je dois aller faire mon tour des commerces après… Et puis il faut aussi que j'aille inspecter les environs. Des gens y ont vu des bandits récemment. »

Le repos, il le prendrait plus tard… quand il serait mort. Là, il n’avait juste pas le temps. Il disait ramener Irina à la maison.. et non à son travail. A vrai dire, il ne voulait plus qu'elle fasse ce travail.